She's | 24 Jun 2019

Anne-Marie Imafidon

Cette mathématicienne parvient à susciter l’intérêt de fillettes de 5 ans pour la
programmation d’applications.

Anne-Marie a les chiffres dans le sang. Elle anime aussi des ateliers au cours desquels elle montre à d’autres jeunes femmes qu’elles n’ont rien à craindre des maths. Cette année, elle a même reçu les honneurs de la Reine pour son travail.

Mlle Imafidon, vous avez réellement un don pour les chiffres...

Et comment ! Je les adore. Je suis totalement fascinée par leur logique implacable. Deux et deux feront toujours quatre. Jamais cinq. J’aime également combiner les chiffres et je m’enthousiasme également du fait que tout peut s’expliquer mathématiquement.

 

Vous étiez l’une des trois filles que comptait votre classe à Oxford. Cela a-t-il présenté un problème ?

Pas du tout. Je ne l’ai jamais vu comme un problème et les garçons non plus. Nous étions tous traités en tant qu’individus. Nous, les filles, n’avons jamais été rabaissées.

 

Cela dit, vous vous évertuez à ce que plus de filles s’intéressent aux métiers techniques. D’où provient cet engagement ?

Lorsque je travaillais à la Deutsche Bank, il m’a été demandé de participer à une conférence aux États-Unis afin d’y faire une présentation devant 3 500 personnes. La dégringolade du nombre de femmes exerçant ces métiers techniques était sur les lèvres de toutes les femmes présentes. J’ai également remarqué ce problème dans mon pays, le Royaume-Uni, et j’ai décidé d’y faire quelque chose.

 

Votre initiative s’intitule « STEMettes » et s’est à présent muée en un job à plein temps, faisant de vous une réelle entrepreneuse. Quel est le plus grand défi auquel vous êtes confrontée ?

Pour moi, l’enjeu consiste à montrer aux jeunes filles comment aborder les défis scientifiques en toute confiance. Elles doivent comprendre qu’elles sont tout aussi fortes en maths que les garçons et que ces compétences peuvent déboucher sur de fantastiques opportunités professionnelles. Il est important pour moi que les filles fassent preuve de solidarité afin qu’elles se débarrassent de toutes leurs inhibitions.

 

Quelle est votre technique pour susciter l’intérêt d’enfants de cinq ans pour la technologie ?

J’obéis à trois règles d’or. Je les appelle les² « F principle » : free, food and fun ! Les ateliers sont gratuits, il y a toujours de bonnes choses à manger et, disons-le sans détour, l’important est de s’amuser. Par ailleurs, je ne donne jamais d’instructions. Je suis uniquement là pour apporter mon aide. Les filles ont simplement besoin d’espace pour laisser libre cours à leurs propres idées. Je ne leur dis pas qu’elles sont capables de programmer une application. Elles s’en rendent compte par elles-mêmes, juste après y être arrivées. Lorsqu’elles y parviennent, cela leur donne ensuite le courage de suivre leur passion. Il est tout aussi important d’avoir de bons modèles, des femmes qui poursuivent de belles carrières dans le secteur de la technologie. Nous les rassemblons.

 

Un vrai modèle

Prodige des mathématiques, des sciences informatiques et des langues, Anne-Marie Imafidon est née en Angleterre en 1990 et est l’aînée d’une fratrie de cinq enfants issue de parents nigérians. Elle parle cinq langues couramment et est l’une des plus jeunes diplômées de l’Université d’Oxford, où elle a obtenu son Master à l’âge de 20 ans. Après avoir terminé ses études avec succès, Anne-Marie a travaillé pour des sociétés telles que la Deutsche Bank et Lehman Brothers avant de se consacrer pleinement à sa propre entreprise, « STEMettes ». Dans le cadre de celle-ci, elle organise des ateliers s’adressant à des jeunes filles de 5 à 22 ans, lors desquels elle les encourage à se lancer dans des carrières techniques. Il y a quelques mois, son travail pour « STEMettes » lui a valu d’être désignée membre de l’Excellentissime Ordre de l’Empire britannique (MBE) par la reine Elizabeth II. Elle est la plus jeune membre dans le domaine des sciences naturelles depuis 1980.