Drive | 23 Jun 2021

SL, la fiancée de l’Amérique

TEXTE : THOMAS MORALES // PHOTOS : DAIMLER AG

Présentée en avril 1971, la série SL (R107) fête ses 50 ans. La quinqua décapotable n’a rien perdu de son charme hollywoodien et de son indémodable sex-appeal.

Pourquoi, cinquante ans après son lancement, la SL (R107) continue-t-elle de fasciner les collectionneurs et les amateurs de belles lignes ? Bien sûr, elle a été produite durant 18 ans entre 1971 et 1989 dans l’usine de Sindelfingen – seule la Classe G a fait mieux dans l’histoire de Mercedes-Benz ! – mais sa longévité n’explique pas tout. Son immense succès commercial (237 287 exemplaires au total), elle le doit principalement à sa fiabilité, son comportement routier, ses motorisations puissantes et souples, sa qualité de fabrication et son style d’une élégance intemporelle. Elle a su évoluer au fil des années, s’adapter aux nouvelles technologies en vigueur, sans perdre son âme. Cette SL (R107)  tient aussi une place particulière dans nos cœurs car elle incarne cette rigueur allemande baignée par le soleil californien, une sorte d’Âge d’or du cinéma américain.

SL, le cabriolet star de L.A. !

Elle a été la Star du « Hall of Fame » de notre jeunesse. Entre le milieu des années 1970 et 1980, la SL a symbolisé un mode de vie décomplexé et terriblement addictif, réservé seulement à une riche élite. En pleine crise du pétrole, elle était un puits de lumière. Elle donnait du talent aux acteurs et actrices, mais aussi aux sportifs professionnels ou aux hommes d’affaires. On la voyait partout, dans les séries TV, à l’affiche des blockbusters, garée aux abords de Wall Street ou cruisant sur Pacific Palissades. Elle se parait d’un rouge éclatant ou d’un jaune lumineux, certains la préféraient en smoking noir pour sortir le soir. Elle était de toutes les fêtes et de toutes les excentricités.

De Dallas à American Gigolo

La « Love Affair » comme disent les américains entre la SL (R107) et les célébrités a démarré quelques années plus tôt, dès 1978. Une 450 SL dont la plaque minéralogique indique « Texas – Ewing 4 » fait des apparitions remarquées et répétées dans la série Dallas. Elle est conduite par le gentil roi du pétrole Bobby Ewing (Patrick Duffy). C’est un choc visuel et esthétique ! De 1979 à 1984, dans nos canapés, admiratifs et un brin envieux, nous regardons aussi Jonathan et Jennifer Hart (Robert Wagner et Stefanie Powers), les justiciers milliardaires, s’échanger leur 450 SL ou leur 380 SL au gré des différentes saisons dans les épisodes de Pour l’amour du risque.

Mais c’est la sortie du film American Gigolo en 1980 qui permet à la SL (R107) de gagner ses galons de glamour pour l’éternité. Les premières images, sucrées et sensuelles, sont une invitation au voyage. On y voit Richard Gere, habillé par Giorgio Armani, conduire une 450 SL noire sur le tube Call me de Blondie, tout en longeant la Côte Pacifique. Et en 1984, c’est Eddie Murphy, qui pose en jean-basket sur le capot d’une SL rouge dans Le Flic de Beverly Hills.

Rigueur technique et glamour californien

Ce n’est pas la première fois, ni la dernière qu’un cabriolet Mercedes-Benz se fait une place au soleil en Amérique. L’Étoile y scintille depuis son origine. La SL (R107)  succède à une prestigieuse lignée, très prisée par une clientèle aisée voulant profiter d’une conduite à l’air libre. Le mythique 300 SL roadster (de 1957 à 1963), puis la 190 SL (de 1955 à 1963) et la Pagode (de 1963 à 1971) ont été des vedettes américaines en leur temps. Pour la première fois, la série SL de 1971 hérite d’un moteur V8. La 350 SL innove ainsi par sa conception moderne et son architecture sécuritaire, elle abandonne les lignes arrondies pour un caractère plus affirmé.

Elle adopte des solutions techniques innovantes en matière de sécurité passive, avec des surfaces rembourrées et déformables, l’utilisation d’acier haute résistance dans les montants, le cadre du pare-brise en verre collé ou encore le réservoir de carburant dorénavant installé au-dessus de l’essieu arrière pour une meilleure protection en cas de collision. La découvrable sera également la base d’un luxueux coupé appelé SLC (C107) dont une version de course s’illustra dans le championnat du monde des rallyes.

La gamme SL évolue au fil des années

À partir de janvier 1982, la SL recevra même le système de freinage antiblocage ABS. Au fil de sa longue carrière et de quelques liftings, la SL sera proposée dans une large variété de motorisations, elle se déclinera en six cylindres (280 SL) dès 1974, mais également en versions spécifiques aux marchés américains, reconnaissables à leurs pare-chocs proéminents. La 560 SL et son V8 de 5,6 litres virent le jour seulement en Amérique du Nord, au Japon et en Australie.

En Europe, dans ses dernières années de production, la 500 SL (180 kW / 245 ch) chapeautait la gamme. Elle recevait un moteur repensé avec un système d’allumage électronique et l’injection mécanique à commande électronique Bosch KE-Jetronic. Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, la SL suscite un fort intérêt sur le marché de la voiture de collection. Par ses prestations et son aura, la série R107 est un matricule toujours recherché, symbole d’une certaine liberté et d’un plaisir inaltérable.