She's | 17 Dec 2019

Trois femmes derrière la Nouvelle Classe A

Pour concevoir un véhicule, il faut des têtes intelligentes dotées de beaucoup d’empathie et de la volonté de coopérer.

TEXTE : INA BRZOSKA // PHOTOS : CHRISTIAN BORTH

Trois collaboratrices de Mercedes-Benz racontent comment elles ont surmonté les divisions et travaillé en équipe pour que la Nouvelle Classe A suscite l’enthousiasme des clients.

Claudia Braun, qu’est-ce qui vous stimule le plus, en tant que designer, dans le développement d’un nouveau modèle ?

CLAUDIA BRAUN : La possibilité de créer quelque chose de nouveau. C’est amusant de plonger dans les premières gammes de couleurs extérieures ou intérieures. De voir l’effet produit par l’ensemble des formes, des couleurs et des matériaux. Le design prend de plus en plus de poids. Nous forgeons ainsi l’image de notre marque pour l’avenir. Il s’agit vraiment d’un beau défi.

Claudia Braun

a étudié le design textile à l’Académie des arts de Stuttgart et dirige le département de la conception des couleurs et des matériaux chez Daimler. Dans sa vie privée, cette femme de 40 ans aime le minimalisme : sa Mercedes-Benz est de couleur noire, et son intérieur est noir et simple.

 

Katrin Miethe, en tant que gestionnaire de produit, vous devez aussi avoir des idées concrètes. Quel est votre rôle à ce stade ?

KATRIN MIETHE : Nous traitons les avis des clients et en tenons compte pour le modèle suivant. Nous conservons ainsi certaines propriétés ou les améliorons. Par exemple, dans le cas de la Classe A, le coffre a été optimisé. Nous luttons bien évidemment pour obtenir ce qui tient à cœur aux clients.

 

Vous allez alors au département développement et vous dites : « Vous devez absolument mettre ceci en place » ?

KATRIN MIETHE : Pour chaque véhicule, nous avons un profil de performance avec divers critères auxquels le modèle doit satisfaire. Dans le cas de la Classe A, on y retrouve par exemple le design. À partir de ces critères, nous déterminons des fonctionnalités que nous voulons absolument retrouver dans le véhicule. Par exemple, une peinture ou des décorations qui augmentent la valeur de la voiture et soulignent son caractère sportif.

 

Claudia Braun, en tant que conceptrice, demandez-vous aussi ce qui fonctionne bien à la gestion de produit ?

CLAUDIA BRAUN : Bien sûr, nous échangeons entre nous. Les designers ont un sens très aigu des couleurs et des tendances. Nous développons des propositions que nous discutons de façon ouverte avec la gestion de produit. Nous travaillons et vivons dans l’avenir, voilà pourquoi nous nous intéressons en permanence à des sujets qui pourraient être pertinents dans les années à venir. Mais notre objectif commun est toujours de développer les véhicules les plus attrayants pour nos clients. Bien entendu, différentes idées sont parfois en concurrence.

 

Katrin Miethe

est d’abord venue de Saxe pour une formation d’employée de bureau chez Daimler AG. Elle a obtenu, en cours du soir, un diplôme de gestion d’entreprise et travaille désormais comme gestionnaire de produit de la Nouvelle Classe A. Elle aime particulièrement l’éclairage d’ambiance, surtout s’il est rose.

 

Comment gérez-vous ce type de situation ?

KATRIN MIETHE : Lors du développement d’un nouveau véhicule, beaucoup de départements travaillent ensemble. C’est bien si chacun a une idée claire. La lutte pour la meilleure solution est le moment le plus intéressant. Nous devons façonner cela de façon positive, sans que les différents fronts ne campent sur leur position.

 

Quelle tendance a influencé la Nouvelle Classe A ?

CLAUDIA BRAUN : La connectivité, qui joue actuellement un rôle important dans la mode et le design. C’est incroyablement passionnant de transposer une telle tendance à un véhicule. Le clou de l’intérieur de la Nouvelle Classe A, c’est un écran large qui semble flotter sans support dans le poste de conduite. Une innovation absolue !

 

Tanja Steinert, en tant que conceptrice travaillant sur le Mercedes-Benz User Interface (MBUX), vous êtes responsable de l’ergonomie de ces écrans. Comment vous mettez-vous à la place du client ?

TANJA STEINERT : Nous réfléchissons à des cas concrets, par exemple à l’homme d’affaires qui utilise sa voiture comme bureau. Ou l’homme dans la soixantaine qui cherche son émission préférée à la radio, ou encore la génération Y technophile, qui a grandi avec la communication mobile et Internet.

 

Comment transpose-t-on tout cela à une voiture ?

TANJA STEINERT : Nous mettons au point des prototypes numériques, illustrons et animons les différents exemples d’application. Les idées que notre équipe MBUX trouve bonnes sont ensuite testées auprès des clients. Nous nous asseyons avec eux en voiture et observons les interactions entre le conducteur et la voiture. Pour mettre en application les conclusions ainsi tirées, de nombreux experts entrent en jeu, comme des psychologues, des ingénieurs, des programmeurs ou des designers.

 

Claudia Braun, lorsque des développeurs ont des idées pour l’intérieur, n’entrent-elles pas en concurrence avec le design ?

CLAUDIA BRAUN : Je dirais plutôt que tout se complète. Notre éclairage d’ambiance – et surtout les buses éclairées à l’intérieur – illustre la fantastique collaboration entre le Développement et le Design. Ici, la technologie est intégrée dans un design parfaitement attrayant

Tanja Steinert

a obtenu un bachelor en conception interactive à Gmünd, en Basse-Autriche, et travaille chez Daimler dans le département User Interface Design. Cette jeune femme de 26 ans est fascinée par le MBUX, le système numérique intégré à la Nouvelle Classe A.

Existe-t-il une caractéristique de la nouvelle Classe A pour laquelle vous avez personnellement lutté ?

CLAUDIA BRAUN : Oui, pour la peinture extérieure de couleur intense. Personnellement, j’aime beaucoup les grands classiques que sont le noir, l’argenté ou le blanc. Mais je voulais aussi que nous proposions quelques couleurs plus vives pour la jeune Classe A.

 

Tanja Steinert, quelle est la leçon la plus importante que vous ayez tirée de la Nouvelle Classe A ?

TANJA STEINERT : Nos tests clients ne cessent de démontrer que les erreurs ne sont pas dues au client, mais au système. Il est important que les conducteurs de la Classe A comprennent de manière intuitive comment une fonctionnalité de la voiture se comporte. C’est un de nos objectifs principaux. La difficulté, c’est de trouver une façon de rendre les annonces complexes compréhensibles sans traiter le conducteur avec condescendance. La voiture doit faire des propositions discrètes et offrir la possibilité de tout paramétrer comme on le souhaite.