Imagine | 5 Jul 2019

Le bonheur de partager

L'économie de partage est en plein essor. Découvrez pourquoi !

TEXTE : HENDRIK LAKEBERG

Vivre, travailler, conduire : nombreux sont les domaines dans lesquels on plébiscite dorénavant une utilisation partagée plutôt que la possession. Grâce à l’économie collaborative, un des besoins élémentaires de l’homme s’est transformé en une tendance de fond.

Ne pas posséder d’objets et privilégier le partage est aujourd’hui une tendance plébiscitée par la Génération Y (19/39 ans). Les trentenaires partagent alimentation, vêtements et logements via des plateformes en ligne. Ils regardent les films en streaming plutôt que d’acheter des DVD et utilisent bien entendu des services d’autopartage. Je partage, donc je suis. Cela signifie : espace de co-working plutôt que bureau fixe, Instagram plutôt qu’album photo, Facebook plutôt que journal intime.

 

Besoin élémentaire

Si la Génération Y célèbre le partage plus que n’importe quelle génération antérieure, ce n’est pourtant pas elle qui a inventé le concept. Le partage est un besoin élémentaire de l’homme depuis la nuit des temps. Partager garantit la cohésion entre les membres d’une communauté, ce qui était vital autrefois. Et puis le principe du partage a depuis longtemps fait ses preuves comme méthode de gestion du quotidien : avec le troc, on propose ses compétences contre des marchandises sans passer par l’argent. De nombreuses expériences prouvent également que, naturellement, les êtres humains ont le partage dans leurs gènes. Ils aiment donner ou mettre à disposition d’un groupe de confiance ce qu’ils possèdent, avec ou sans rémunération directe.

Des raisons économiques

Reste cependant à savoir pourquoi le principe de l’économie de partage connaît autant de succès actuellement. En premier lieu pour des raisons principalement économiques : nombre de personnes recourent à l’économie de partage pour assurer un revenu complémentaire, par exemple en louant leur logement de façon temporaire. Les utilisateurs, eux, optent de plus en plus souvent pour ce type d’hébergement, car ils sont à la fois moins chers que les hôtels et plus personnels.

 

Une flexibilité maximale

La renaissance du partage s’explique aussi et surtout par le rythme frénétique de la vie aujourd’hui. En quelques minutes, nous réservons un city-trip à Paris, à Lisbonne ou à Bangkok. De plus en plus de personnes souhaitent travailler comme indépendant plutôt que comme employé. Avenir professionnel ou personnel ? Aujourd’hui, la flexibilité doit être maximale. Au travail, dans les relations… et la consommation. Or, être propriétaire, ce qui implique forcément des obligations, peut justement entraver cette fameuse flexibilité.

Ce sont les réseaux sociaux, Facebook, Twitter et Instagram, et le site de ventes aux enchères en ligne eBay qui ont donné une véritable impulsion au partage de biens entre particuliers. L’entourage ne se limite plus seulement à la famille, aux amis, aux voisins et aux collègues. Désormais, nous partageons nos biens avec des inconnus. La distance entre les personnes se réduit ; la volonté de partager des objets personnels grandit. Et cela fonctionne encore mieux grâce aux systèmes d’évaluation nous permettant de savoir si nous pouvons faire confiance à notre nouvel acheteur, partenaire ou prestataire. L’économie collaborative s’applique désormais à de nombreux secteurs et se développe à une vitesse fulgurante.

Dans le secteur automobile

Le secteur de l’automobile est aussi touché par cette tendance. La plateforme ParkNow, un des cinq nouveaux projets développés conjointement par Daimler et BMW, permet de partager avec d’autres automobilistes des places de stationnement libres. Une autre, appelée Share Now, réunit les deux entreprises d’autopartage bien connues Car2go et DriveNow. La nouvelle Marque Mercedes-EQ de Daimler, dédiée à l’électromobilité, mise depuis sa création sur des véhicules électriques comme le Nouvel EQC mais a aussi fait de l’autopartage un élément clé de sa stratégie.

 

Codes, puces et connectivité

Les nouvelles technologies et le numérique apportent une dynamique supplémentaire à cette tendance. Les applications fonctionnent de manière rapide et les réservations sont simples. Les clés de voitures sont remplacées par des codes ou des puces. La facturation est transparente et automatique. Les services offerts par l’économie de partage font de plus en plus partie de notre quotidien. Internet a permis la création d’un village mondial au sein duquel les produits peuvent facilement être utilisés temporairement par les uns ou les autres, exactement comme autrefois entre voisins ou membres d’une même famille. Hier on se rencontrait physiquement ; aujourd’hui, on se rencontre via l’univers numérique et c’est justement ce qui a rendu possible l’apparition de nouveaux services, totalement personnalisés.

 

La mobilité en première ligne

L’économie collaborative rassemble. Elle facilite le quotidien dans de nombreuses villes, limite l’encombrement, promet plus de durabilité et la possibilité de profiter de produits que l’on ne pourrait pas acquérir pour soi-même. Nous savons désormais que l’économie de partage peut modifier profondément certains secteurs. Par exemple dans celui de la mobilité, la transformation est déjà en marche. Les villes ne cessent de se densifier et l’espace est devenu quelque chose de précieux. Nous en prenons conscience quand nous cherchons péniblement une place de stationnement ou quand nous sommes bloqués dans un embouteillage en allant au travail. L’autopartage apparaît donc bien comme une façon durable de soulager le trafic urbain.

Liberté nouvelle

Jörg Heinermann, directeur du marketing et de la distribution chez Mercedes-EQ, va plus loin : « Ce que nous vendons en réalité, ce ne sont pas seulement des véhicules d’exception, mais aussi la possibilité de vivre une mobilité personnalisable sans limites », souligne-t-il. « En fait, nous vendons de la liberté. Une liberté individuelle. C’est la continuité de la révolution amorcée par Carl Benz en 1886 avec la première automobile. » Quel objectif pour demain ? Préparer le terrain pour une mobilité fluide et individuelle, qui soit aussi libératrice que l’automobile lorsqu’elle a permis de s’affranchir du cheval, qui servait de moyen de transport quotidien mais nécessitait beaucoup de soins… À l’avenir, notre propre véhicule sera encore plus qu’aujourd’hui un espace individuel, personnalisé, véritablement luxueux. Et il comprendra en plus une offre de mobilité à la demande quand on en aura besoin.