Mobilité | 5 Jan 2022

Le pouvoir de la pensée au service de la conduite

Zoom sur les recherches de l’ingénieure en développement Maxine Benz

TEXTE : JULIA MENGELER // ILLUSTRATIONS : EKATERINA KACHAVINA

L’ingénieure en développement Maxine Benz veut révolutionner l’interaction entre conducteur et véhicule grâce au pouvoir de la pensée.

La jeune femme de 31 ans travaille au sein de l’unité de recherche de Mercedes-Benz AG, dans le département Technologies du futur. Avec son équipe, elle a pour tâche d’identifier les technologies d’avenir, de les étudier et enfin de décider si elles sont suffisamment intéressantes pour que l’entreprise investisse. Pour ce faire, Maxine Benz et son équipe se projettent jusqu’à 14 ans dans le futur, parfois plus. « Le développement de produits innovants nécessite toujours de nouvelles solutions techniques. Il est important de les repérer tôt pour que Daimler AG puisse maintenir sa position de leader dans ce domaine », explique Maxine Benz, dont le nom de famille apparaît également dans le nom de la Marque : une coïncidence !

 

L’intérêt des interfaces cerveau-ordinateur

Pour pouvoir proposer aux clients et clientes de Mercedes-Benz les dernières innovations et le plus grand confort, la diplômée en génie mécanique sort souvent du cadre traditionnel de l’industrie automobile. Son domaine de recherche actuel relève d’ailleurs de la technologie médicale, branche pionnière dans ce qu’on appelle les interfaces cerveau-ordinateur (BCI, de l’anglais Brain Computer Interface). Grâce à des passerelles créées entre le cerveau humain et la machine, des patients peuvent, par exemple, contrôler des prothèses de bras à l’aide d’impulsions cérébrales.

Ces technologies ne sont pour l’instant absolument pas utilisées dans l’industrie automobile et doivent donc être explorées. L’idée de Maxine Benz et de son équipe est de pouvoir, à l’avenir, contrôler certaines fonctions du véhicule grâce à l’activité cérébrale. C’est l’étape suivante pour une commande aussi intuitive que possible des véhicules. Les systèmes de sécurité de Mercedes-Benz constituent notamment un domaine d’application potentiel à la mise en œuvre de la BCI. Les études montrent, par exemple, que l’action de freiner est précédée de quelques millisecondes par la pensée de freiner. Réussir à capturer cette seconde de sursaut permettrait de garantir une sécurité encore meilleure sur la route.

Un dispositif encore expérimental

Maxine Benz montre comment cela fonctionne en détail à l’aide d’un dispositif expérimental. Elle utilise un bandeau équipé d’électrodes sèches qui enregistrent l’activité cérébrale de la personne testée. L’objectif est de filtrer les intentions de l’utilisateur en s’appuyant sur une multitude de processus simultanés. Alors seulement l’activité du cerveau pourra être traduite en signaux de commande pour déclencher l’action souhaitée. Les capteurs nécessaires à ce système pourraient être placés dans l’appuie-tête, de façon complétement invisible, et enregistrer l’activité du cerveau sans contact.

Il va toutefois falloir attendre encore longtemps avant que cette technologie ne soit utilisée dans des véhicules, explique Maxine Benz. « Pour le moment, il nous est impossible de tirer des conclusions sur le système de la pensée à partir de cette méthode. De nombreux procédés cérébraux ne sont toujours pas entièrement compris. Le cerveau est une structure extrêmement complexe et les neurones créent sans cesse de nouvelles connexions. »

Des questions techniques… et éthiques !

En plus des questions techniques, Maxine Benz doit en permanence composer avec les questions d’éthique. Lorsque l’on travaille avec les BCI, on finit souvent par se faire accuser de chercher à entrer dans la tête des utilisateurs pour les espionner. « Un ordinateur ne sera jamais capable de lire dans les pensées. Mais, bien évidemment, l’éthique est une boussole de valeurs importante qui guide notre travail », commente Maxine Benz. C’est dans cet objectif que Mercedes-Benz a créé un département de futurologie sociale qui travaille en collaboration étroite avec le département de futurologie technique.

Dans la construction automobile, ce type de technologies ouvre le champ de tous les possibles. Des procédés très avancés tels que la BCI permettraient aux conducteurs d’interagir complètement différemment avec leur véhicule… si ces derniers le souhaitent, bien sûr ! Mercedes-Benz considère en effet ces solutions uniquement comme une proposition faite à ses clients. « Chez Mercedes-Benz, l’utilisateur et la convivialité passeront toujours en premier », insiste Maxine Benz.

Il reste beaucoup de chemin à parcourir, mais imaginer cela possible un jour est source de motivation pour Maxine Benz et une perspective séduisante pour nous tous.