Imagine | 14 Oct 2019

Station F

Le plus grand campus de start-up au monde

TEXTE : OLIVIER BAUER PHOTOS : PATRICK TOURNEBOEUF

À Paris, tout proche de la gare d’Austerlitz se cache un gigantesque incubateur réunissant 1 000 start-up. Née en 2017 de la volonté de Xavier Niel, le patron de Free, la Station F est en train de trouver sa place sur la carte mondiale de la Tech.

Un lieu à part

Cachée dans le nouveau quartier Paris Rive Gauche, la Station F s’est installée en juin 2017 dans une halle classée, autrefois propriété de la SNCF. Vitrine sur le monde de demain, le site de 34 000 m2 inauguré par le président Emmanuel Macron se revendique désormais comme le plus grand campus de start-up au monde. Le projet a été imaginé par Xavier Niel, créateur de Free et de l’École 42, avec la volonté de « donner un cadre à l’écosystème start-up fragmenté en France et en Europe mais aussi donner les moyens aux entrepreneurs d’atteindre leurs ambitions ».

Intervenants de renom

Après trois ans de travaux et 250 millions d’euros d’investissement, la Station héberge aujourd’hui 1 000 start-up. On y croise Sheryl Sandberg, la numéro deux de Facebook, Satya Nadella, le patron de Microsoft, ou Brian Chesky, celui d’Airbnb, autant de figures incontournables de l’univers Tech venues donner des master class devant une foule conquise. L’auditoire privilégié est hétéroclite : des profils alliant filles et garçons, mélange de geeks, d’ingénieurs, d’informaticiens et de hipsters, une population jeune qui compte 33 % d’étrangers (dont une majorité d’Américains et de Chinois).

À chacun son programme

Depuis deux ans, le gigantesque incubateur s’est développé autour de 3 programmes : le Founders Program destiné aux jeunes start-up, le Fighters Program pour les entrepreneurs issus de milieux défavorisés, et le Fellowship, un abonnement annuel donnant un accès limité au campus. « Le Founders Program rassemble aujourd’hui environ 200 start-up, explique Grégoire Martinez, le jeune responsable de la communication de la Station. Ce programme est né du principe que 90 % des problèmes des entrepreneurs trouvent leurs solutions… chez d’autres entrepreneurs. » Si le taux de sélection approche 6 %, certaines start-up ont connu en deux ans un succès fulgurant, à l’instar de Recast.AI qui a développé un robot en intelligence artificielle.

 

Visibilité unique en Europe

La philosophie et les techniques de la Silicon Valley sont reproduites sous la halle centenaire. 3 000 postes de travail sont aujourd’hui répartis autour de 30 programmes d’accompagnement de start-up. Sous l’impulsion des labos des grandes écoles comme HEC Paris ou l’EDHEC, et d’équipes mises en place par les mastodontes de la Tech à l’instar de Facebook Startup Garage, Microsoft AI Factory, BNP Paribas Plug and Play ou Ubisoft Gaming, les entrepreneurs 2.0 profitent de l’organisation de multiples workshops, de la proximité de nombreux développeurs et d’une visibilité unique en Europe.

Nouveaux marchés porteurs

Après deux ans de fonctionnement, un premier bilan indique les nouveaux marchés porteurs : sur les 1 217 start-up que l’incubateur a accueilli, 15 % se concentrent désormais sur les plateformes Software as a Service (SaaS) BtoB, 12 % sont spécialisées dans l’intelligence artificielle et 11 % touchent au e-commerce. Les start-up imaginent le monde de demain. À la Station F, l’avenir se cache sous une ancienne halle ferroviaire.