Drive | 5 Nov 2018

Une lueur dans la nuit

Entretien avec l’artiste-peintre Theresa Kallrath

TEXTE : HENDRIK LAKEBERG / PHOTOS : DIRK BRUNIECK

L’artiste Theresa Kallrath s’offre une promenade dans les rues de Stockholm au volant de la Nouvelle Classe A.

De la lumière pour des émotions

Elle veut que ses tableaux soient lumineux. Que l’observateur ressente des choses qu’il n’a jamais ressenties auparavant. « Il doit être surpris par lui-même », affirme Theresa Kallrath. Au loin se dessinent les ombres de l’archipel de Stockholm. Lentement, les lumières de la grande roue du parc d’attractions Gröna Lund deviennent de plus en plus vives et rayonnent dans le ciel bleu foncé. À 23 h, il ne fait toujours pas nuit noire dans Fjällgatan, une rue jouxtant le quartier branché de Södermalm. Le regard de Theresa Kallrath vagabonde entre Stockholm et les lumières de la voûte céleste.

 

Une vie entre Allemagne et Suède

Le matin suivant, Theresa Kallrath se penche sur des dessins où rouge et bleu semblent exploser. Des croquis pour ses peintures grand format. Dans le soleil du début de journée, elle s’assied sur le rocher qui sépare en deux le Vasaparken. Par beau temps, l’artiste aime travailler en plein air, que ce soit dans la cour devant son atelier à Düsseldorf, où elle habite, ou désormais aussi à Stockholm. Pour cette jeune femme de 31 ans née en Allemagne, chaque visite dans la capitale suédoise est un peu un retour à la maison. Elle possède en effet un passeport suédois (sa mère est suédoise) et une grande partie de sa famille vit aujourd’hui encore près de Lund.

À l’école des plus grands

Theresa a étudié à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf, une des écoles d’art les plus prestigieuses du monde. Des artistes célèbres y ont enseigné : Joseph Beuys qui ébranla l’institution ; Hilla et Bernd Becher qui révolutionnèrent la photographie ainsi que des artistes internationalement connus comme Andreas Gursky. Une fois son diplôme obtenu, le succès est vite venu. Aujourd’hui, les grandes peintures de Theresa semblent pleines d’énergie. L’artiste y applique jusqu’à 15 couches de couleurs. Elle les fait craqueler, les maltraite à l’aide d’un couteau ou ponce l’ensemble de ses œuvres sur le sol de son atelier. Une façon de travailler très énergique.

 

Une affaire de famille

Après un crochet par le Sven-Harrys Konstmuseum, un bâtiment aux reflets dorés situé au bord du parc, Theresa se dirige avec la Nouvelle Classe A vers les ruelles de Gamla Stan, le centre historique de la ville. À Düsseldorf, elle circule au quotidien avec une smart du service d’autopartage car2go. Mais aujourd’hui, elle est au volant de la Nouvelle Classe A dans les rues peu fréquentées de Stockholm. Theresa a rendez-vous avec son frère dans un bar de Gamla Stan pour le fika, c’est-à-dire la pause-café accompagnée d’une traditionnelle brioche à la cardamome. Martin Kallrath a abandonné sa carrière dans le secteur de l’économie et travaille désormais avec sa sœur. Il gère les contacts avec les galeries, s’occupe de la presse et entretient les relations avec les collectionneurs. « Les tableaux de ma soeur transmettent au spectateur une force difficile à expliquer », raconte Martin.

Sans lumière, pas de couleurs

Pour se rendre à son rendez-vous suivant, Theresa utilise spontanément la commande vocale de la nouvelle interface MBUX. « Hey Mercedes! Montre-moi le chemin pour aller au tak » L’itinéraire vers une des adresses incontournables à Stockholm s’affiche alors sur l’écran.

Juste en face du restaurant se trouve un bar d’où la vue est spectaculaire. « Sans lumière, pas de couleurs », commente Theresa alors que le ciel semble se refermer sur Stockholm. « Les couleurs nous fascinent ; elles ont aussi le pouvoir de nous influencer », poursuit-elle. Alors que les nuages disparaissent après une courte averse, Theresa commence une promenade dans le quartier branché de Södermalm. Ici, on peut observer sous son meilleur jour le Stockholm cosmopolite. Les vieux bâtiments colorés constituent un décor parfait pour les galeries d’art, les bars et les boutiques. Ensuite, direction le Berns, une véritable institution à Stockholm. Cette maison réunit hôtel, bar et restaurant sous un seul toit.

Sortir du concret pour mieux se trouver

La conversation va bon train au sujet de l’esprit pionnier des Suédois et des raisons pour lesquelles ils n’ont pas peur des échecs. Pour eux, une défaite est une invitation à réessayer. Une caractéristique que l’on retrouve dans le travail de Theresa Kallrath. Ses peintures transmettent une idée d’ouverture. L’effet sauvage des couleurs, la surface rugueuse et la puissance qui s’en dégage illustrent cet esprit novateur. Pourquoi a-t-elle décidé un jour d’arrêter de peindre des objets concrets ? Theresa Kallrath répond que ce choix a rendu son travail plus personnel. Depuis, ses peintures portent une signification différente pour elle-même et pour son public. Oui, ses tableaux doivent être lumineux. Le tourbillon de couleurs produit un effet hypnotisant, excitant et apaisant à la fois. Les toiles sont non seulement esthétiques mais aussi remplies d’émotion. « Il est question de liberté, d’indépendance. Pour moi et pour ceux qui regardent mes œuvres. Sinon, je détruis toute la fantaisie. »