En 1984, l’architecte et graphiste américain Richard Saul Wurman a une idée révolutionnaire. Observant une convergence croissante entre les mondes de la technologie, du divertissement et du stylisme, il organise à Monterey en Californie la première conférence TED (Technology, Entertainment, Design). L’on y découvre notamment l’ordinateur Apple Macintosh et le CD-ROM. Quelques années plus tard, la conférence se muera en rendez-vous annuel de l’intelligentsia californienne.
En 2001, la conférence TED change de mains et s’ouvre à toutes les idées gagnant à être diffusées (ideas worth sharing), sous l’égide de l’auditeur britannique Chris Anderson. Cherchant à doper la diffusion des conférences, celui-ci lance le site internet TED.com en février 2006. Mis en ligne simultanément sur YouTube, les premiers « TED Talks » sont des modèles du genre : les orateurs abordent un sujet original, en profondeur mais sur un ton informel qui fait la part belle à l’humour, en s’efforçant de ne pas dépasser les 18 minutes.
Le TED Talk le plus populaire, le plaidoyer d’un pédagogue britannique en faveur d’une école stimulant la créativité des enfants, a été vu 57,6 millions de fois.
Grande diversité
Aujourd’hui, il y a peu de sujets qui n’aient été abordés par les conférences TED. Parmi les exposés les plus regardés, on observe une nette prédilection pour les forces et les faiblesses de la perception humaine (« Comment démasquer un menteur »), les secrets du bonheur (« De quoi est faite une vie heureuse ? »), la pensée alternative (« Comment diriger une entreprise (presque) sans règles »), le développement de soi (« Comment parler pour qu’on vous écoute »), les avancées technologiques (« L’extraordinaire potentiel de la technologie du sixième sens ») mais aussi leurs inconvénients (« Comment rendre fous les spammeurs »). Toutes les conférences sont sous-titrées dans des dizaines de langues par une armée de traducteurs bénévoles.
Au fil des ans, l’initiative américaine s’est internationalisée et diversifiée, organisant des conférences TEDGlobal sur d’autres continents, des TEDYouth destinées aux collégiens et lycéens et des TEDWomen encourageant les femmes et les jeunes filles à être des moteurs du changement. En 2009, l’organisation lance le programme TEDx, qui permet à des écoles, des bibliothèques ou des entreprises d’organiser au niveau local des conférences indépendantes selon le format TED. La première conférence TEDx française s’est tenue la même année à Paris et s’est depuis étendue à des dizaines de villes françaises, rencontrant un succès grandissant.
TEDxParis, lancée en avril 2009 par Michel Lévy-Provençal, est aujourd’hui la première conférence TEDx européenne, avec une quinzaine d’évènements organisés, plus de 150 orateurs et une communauté de plus de 150 000 membres. En dix ans, ce sont près de cinq cents conférences TEDx qui ont été organisées dans l’Hexagone. Autant de « conférences 2.0 » suscitant une saine émulation dans le partage des savoirs, qui permettra de mieux relever les défis de l’avenir.
Métier : conférencier en entreprise
Il y a encore une dizaine d’années, les stars du PAF qui animaient contre rémunération des conférences privées se faisaient tirer l’oreille au motif que ces à-côtés nuisaient à la crédibilité et neutralité journalistique. Aujourd’hui, ces prestations sont devenues monnaie courante et le profil des intervenants s’est énormément diversifié.
L’« intervention de personnalités en entreprise » est un marché en plein essor, sur lequel officient une demi-douzaine d’agences spécialisées. Ces bureaux aident les acteurs économiques et institutionnels de toutes tailles à trouver le keynote speaker capable de motiver, d’inspirer ou d’éclairer les cadres et dirigeants réunis en conférence ou en séminaire d’entreprise. Selon les estimations, entre 12 000 et 15 000 de ces événements auraient lieu chaque année en France.