Imagine | 2 Jun 2023

Paris dévoile ses passages couverts

Balade insolite au coeur de la capitale

Texte : Thomas Morales // Photo : Istockphoto // Photo : Paris Tourist Office/Marc Bertrand

À la découverte des plus beaux passages couverts de la capitale, lieux propres à la promenade et à l’émerveillement.

Secrets les mieux gardés de Paris

C’est l’un des secrets les mieux gardés de Paris. Autour du Palais Royal, du boulevard Poissonnière, de la Madeleine ou de la rue Réaumur se nichent des passages et galeries qui témoignent de l’architecture du XIXe siècle. Le temps semble suspendu dans ces lieux baignés de lumière, au décor presque figé et au dallage éclatant.

Des lieux féeriques mariant le fer et le verre

On voit les touristes étrangers, plans entre les mains, chercher en vain leurs entrées magiques comme s’ils s’agissaient de grottes préhistoriques ou de cavernes merveilleuses. Les passages ne se découvrent pas si facilement au premier regard, car ils se fondent dans les méandres urbains et s’insèrent dans des immeubles déjà construits. Ils donnent ainsi l’accès à une nouvelle cartographie de la ville et font travailler l’imaginaire. Quand, par hasard, au gré d’une promenade, on tombe sur l’un de ces endroits féeriques, on lève la tête vers le ciel afin de profiter de cette transparence et de cette clarté soudaine. Là réside le charme de ces lieux insolites, qui marient le fer et le verre, profitant d’un éclairage zénithal et d’une impression de grand luxe. Ces passages avaient pour vocation d’accueillir des boutiques aux riches devantures et d’éviter à leur clientèle aisée de subir les intempéries.

Un essor de courte durée au 19e siècle

Guy Lambert, historien de l’architecture et enseignant à l’École Nationale Supérieure d’architecture de Paris-Belleville, explique que « les passages couverts ont régné dans la capitale pendant une soixantaine d’années, entre la fin du XVIIIe siècle et le milieu du siècle suivant. Leur vogue a éclaté sous la Restauration et la monarchie de Juillet, et leur essor se limite à deux courtes périodes : plus d’une vingtaine d’entre eux ont vu le jour dans les seules années 1820, puis une dizaine entre 1839 et 1847 ». Après la construction des Grands Boulevards, leur intérêt a diminué et les commerces ont, peu à peu, quitté ces recoins à la fois tranquilles et flamboyants.

Déambuler Galerie Vivienne ou Véro-Dodat, Passage des Panoramas ou Jouffroy, c’est retrouver un Paris intimiste avec l’emboîtement des boutiques, la ramification des immeubles, les verrières immenses qui se déploient comme des toiles d’araignée, mais aussi se souvenir des marchands de l’époque qui mettaient en scène leurs vitrines pour attirer une clientèle aisée.

Voici 5 passages couverts parisiens incontournables :

PASSAGE DU GRAND-CERF (2e arrondissement)

Construit dans la cour de l’ancienne hôtellerie qui portait déjà son nom, ce passage très lumineux reliant les rues Saint-Denis et Dussoubs possède une verrière haute de 11,80 mètres.

Longueur : 117 mètres
Largeur : 3 mètres
Date de construction : 1822-1835

Ouvert du lundi au samedi de 8h30 à 20h30

PASSAGE DES PANORAMAS (2e arrondissement)

Sur les grands boulevards, ce passage, le plus ancien de Paris, doit son nom au panorama (une fresque peinte couvrant les murs d’une rotonde) inventé par le peintre écossais John Barker en 1787. Ce passage fut l’un des premiers lieux publics à bénéficier de l’éclairage au gaz.

Longueur : 133 mètres
Largeur : 3,2 mètres
Date de construction : 1800

Ouvert tous les jours de 6h à Minuit

GALERIE VIVIENNE (1er arrondissement)

On doit cette splendide galerie, joyau architectural, à quelques pas de la Place des Victoires à un notaire qui habitait un hôtel particulier de la rue Vivienne. Elle se distingue par la présence d’une Rotonde où se dressait à son origine une statue de Mercure.

Longueur : 176 mètres
Largeur : 3 mètres
Date de construction : 1823-1825

Ouvert tous les jours de 8h30 à 20h30

PASSAGE JOUFFROY (9e arrondissement)

Reconnaissable à sa structure métallique, ses colonnes de fonte ou encore sa verrière autoportante, ce passage fut le premier à être chauffé par le sol. En 1882, le musée Grévin s’y installe tout en conservant une entrée sur le boulevard.

Longueur : 140 mètres
Largeur : 4 mètres
Date de construction : 1845-1846

Ouvert tous les jours de 7h à 21h30

GALERIE VÉRO-DODAT (1er arrondissement)

Benoît Véro, un charcutier et François Dodat, un homme d’affaires sont les initiateurs de cette galerie qui permettait un accès direct entre le quartier du Palais-Royal et les Halles.

Longueur : 80 mètres
Largeur : 4 mètres
Date de construction : 1826

Ouvert du lundi au samedi de 7h à 22h - Fermé le dimanche et les jours fériés

Pour en savoir plus : Paris et ses passages couverts aux éditions du Patrimoine – Centre des monuments nationaux.