Les avancées technologiques et sociales créent de nouvelles possibilités dans le domaine de la mobilité. Pour la philosophe Rebekka Reinhard, la connexion de plus en plus étroite entre les véhicules, les voyageurs et le monde ouvre la voie à une coexistence plus harmonieuse. D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Notre vie sur Terre est un seul et unique voyage trépidant. Personne ne peut prédire le futur à partir du passé. Chaque jour apporte son lot de surprises et peut se transformer en road-trip sur des terres encore inexplorées.
La voiture, symbole de liberté
L’année 2022 a marqué le début d’une nouvelle ère. Elle nous a appris que s’il y a bien une chose à garder dans son coffre, c’est la vision d’un monde meilleur. Un monde dans lequel la liberté et la solidarité vont de pair, un monde dans lequel nous pouvons nous sentir chez nous, où que nous soyons. Où que nous allions.
Depuis l’invention de l’automobile par Carl Benz en 1885, la voiture est symbole de liberté. Dans les années 1950 et 1960, le « mouvement automobile » (du grec autós « soi-même » et du latin mobilis « mobile ») s’est imposé. Il est devenu tout à fait normal pour une large partie de la population de parcourir facilement de grandes distances au volant de sa propre voiture.
Mais être conducteur ne se résumait pas à un départ soudain ou à un simple trajet. L’objectif était et reste la symbiose parfaite entre l’être humain et la machine, l’interaction quasi naturelle entre le cœur et le levier – ou, comme on le dirait aujourd’hui, entre le cœur et l’écran tactile. Technologie de pointe et émotions fortes ne vont pas l’une sans l’autre. Mais le plaisir de conduire ne peut plus légitimer à lui-seul le succès de l’automobile.
Des normes éthiques strictes
La mobilité de demain implique de concevoir et d’utiliser des véhicules qui sont non seulement beaux et dotés d’une technologie sophistiquée, mais qui respectent également des normes éthiques strictes. Le changement climatique et ses répercussions sur les populations et la nature sont de plus en plus perceptibles dans de nombreuses régions du monde. Cela appelle une prise de conscience par rapport au contexte de nos déplacements, ainsi qu’un comportement plus responsable vis-à-vis des ressources écologiques limitées.
La manière dont nous vivons ne peut plus être une affaire de préférences totalement subjectives. Il faut sortir de la perspective purement égocentrique. Désormais, c’est un « nous » connecté à l’environnement qui doit prendre les commandes. Et à quoi pourrait ressembler ce « nous » ?
La voiture du futur ne sera plus seulement pilotée par des personnes, elle pourra également se déplacer de manière autonome et interagir avec d’autres objets connectés. Cette voiture du futur repose d’ores et déjà sur la numérisation et l’intelligence artificielle, les moteurs électriques et une construction légère comme technologie clé. En d’autres termes, elle « réfléchit ».
Nouveau rapport homme-machine
Le concept car VISION EQXX incarne l’avant-garde de toutes ces innovations. Il est équipé de réseaux neuronaux artificiels basés sur le modèle du cerveau humain et interagit avec le conducteur au moyen d’une interface. Le système aide ce dernier à anticiper la réduction de sa consommation d’énergie et à choisir la vitesse idéale en fonction des conditions extérieures.
Cela est possible notamment grâce à une assistance sensorielle qui peut « sentir » les changements météorologiques et du terrain bien au-delà des limites de la perception humaine. Un avatar permet même au concept-car de parler avec le conducteur et les passagers en utilisant une voix naturelle ; le VISION EQXX devient ainsi un véritable compagnon de route.
Une nouvelle définition radicale du rapport homme-machine s’annonce donc. Le véhicule intelligent et sensoriel deviendra bientôt le partenaire de confiance des personnes mobiles. Il assumera encore davantage le rôle de professeur et de mentor en constant (auto) apprentissage.
Il sera ainsi possible de parvenir à un « nous » réunissant l’être humain et la machine grâce à un dialogue continu, non seulement au sujet de données et de chiffres, mais aussi de perspectives éthiques. La nette distinction entre sujet et objet s’estompera. Les conducteurs se sentiront connectés sur les plans émotionnel et éthique à « l’expertise » du véhicule. Parce qu’ils se sentiront « compris ». L’être humain et la machine créeront donc ensemble un nouveau mode de vie qui réunit liberté et interconnexion.
Qui est Rebekka Reinhard ?
Philosophe, conférencière et auteure à succès du journal allemand Der Spiegel, Rebekka Reinhard souhaite donner à la société, via la philosophie, les outils nécessaires pour se repérer dans un monde en pleine mutation.