Imagine | 22 Apr 2020

Des maisons en fleurs

Place à la nature dans les villes

TEXTE IRIS MYDLACH // PHOTOS : PR/PAISAJISMO URBANO, STEPHANIE FÜSSENICH/PATRICK BLANC, PR/STUDIO BOERI, PR/BEPPE GIARDINO, MITCHELL JOACHIM/TERREFORM ONE, PR/RORY GARDINER

Laisser plus de place à la nature dans nos villes et dans la conception des bâtiments : c’est le but de l’« architecture biophile » et le souhait de beaucoup de citadins.

Les forêts ont des pouvoirs guérisseurs. Quelques pas dans la verdure suffisent : le cœur bat plus  lentement, la respiration devient plus profonde. Des recherches ont démontré que s’immerger totalement dans la nature stimule la créativité, favorise la concentration et renforce le système immunitaire. Il n’est donc pas étonnant que les citadins cherchent à intégrer toujours plus la nature dans leur vie. Or, en ville, la nature est peu présente… Mais c’est en train de changer ! « Les constructions véritablement organiques sont à notre portée depuis quelques années. La technologie y est enfin parvenue », affirme l’architecte new-yorkais Mitchell Joachim.

 

L’architecture biophile

Bâtiments biophiles, design biophile : pour Mitchell Joachim, ce concept est plus qu’un caprice d’architecte. Il s’agit de la seule approche imaginable et raisonnable, et elle consiste à faire entrer la nature dans tous les recoins de la ville. Pas seulement pour des raisons écologiques. Aussi parce que la vue de la nature nous permet de ralentir et d’être plus attentifs. Plus gentils avec nous-mêmes, plus gentils avec les autres. La nature améliore le climat sur tous les plans. En 2015, des chercheurs canadiens ont découvert que quelques arbres dans les rues des quartiers les plus denses améliorent déjà la santé des habitants.

Zoom sur quelques projets

Le bâtiment ami des monarques de Mitchell Joachim

L’architecte new-yorkais Mitchell Joachim recherche une synergie parfaite entre la ville, l’homme et la nature. Dans son agence de conseil Terreform, des architectes travaillent avec des ingénieurs et des biologistes pour imaginer des projets urbains visionnaires, comme des bancs fabriqués à partir de spores de champignon. Actuellement, un bâtiment de plusieurs étages avec un jardin-habitat pour les papillons sur les façades est en train de sortir de terre. Mitchell Joachim a eu cette idée en entendant parler de la disparition du Monarque, un papillon magnifique avec des ailes orange et noir. « New York est son habitat naturel mais des milliards de Monarque ont disparu ces dernières années ; la ville est devenue une ennemie. C’est pour cette raison que nous voulons lui offrir son propre biotope. »

La Bosco Verticale de Stefano Boeri

À Milan, l’architecte Stefano Boeri a planté 900 arbres sur les tours jumelles d’un bâtiment résidentiel. Ce projet spectaculaire a été baptisé Bosco Verticale, soit la « forêt verticale ». Plus de 30 tonnes de dioxyde de carbone et 80 kilos de particules fines sont absorbés chaque année par cette véritable forêt murale qui, en plus, fait baisser la température intérieure de trois degrés. Et cela permet d’obtenir une meilleure efficacité énergétique.

La maison de vacances de Tatiana Bilbao

Ce n’est pas un hasard si Tatiana Bilbao, originaire de Mexico, vient de remporter le prix d’architecture Marcus Prize. Engagée en faveur d’une architecture durable et centrée sur les besoins des êtres humains, elle accorde une large place à la nature dans ses projets, toujours innovants. Elle a conçu une maison de vacances à Monterrey, au Mexique, dont la façade en verre réfléchissant renvoie l’image des arbres qui l’entourent. Le bâtiment se fond ainsi dans la forêt environnante…

Mais aussi…

– Les murs végétaux du paysagiste français Patrick Blanc, qu’on retrouve à Paris comme à Kuala Lumpur.

– Les abribus recouverts de fleurs à Utrecht, aux Pays-Bas, que les habitants appellent affectueusement les Bee Stops.