She's | 14 Mar 2019

Réapprenons de la nature, elle sait déjà tout !

"myTERREhappy", un lieu d'accueil basé sur la permaculture

INTERVIEW : Thomas Morales // PHOTOS : Aurélie, Claude Godfryd

Aurélie Remetter, une jeune alsacienne de 36 ans a changé de vie après dix ans dans le secteur du BTP. Partie à la découverte du monde avec son sac à dos, elle est revenue en France avec un concept innovant « myTERREhappy ». Un lieu de vie et d’apprentissage 3.0 basé sur la permaculture. Elle nous explique son projet...

Comment passe-t-on de consultante dans une grosse entreprise à entrepreneure en permaculture ?

AURELIE : Le déclencheur a eu lieu au retour d’une période de Noël passée au Canada chez mon frère. Quand je suis retournée au bureau, j’ai compris que je n’étais simplement pas à ma place même si j’aimais mon job. En 2015, j’ai accompagné une association « les Jardins de Cocagne » dans un projet de jardin pédagogique. J’y ai rencontré une femme exceptionnelle, Leigh. Elle m’a initiée aux enjeux de la permaculture. J’ai découvert la magie des cycles naturels et pour, la première fois, j’ai observé la couleur des champs et celle de la forêt. D’un côté, une couleur marron, vide de sens et, de l’autre, un noir profond, l’humus, et cette odeur exceptionnelle, le parfum de la vie en mouvement. J’ai décidé de prendre une année sabbatique pour prendre du temps pour moi, découvrir le monde et en savoir plus sur la permaculture.

Pouvez-vous nous donner en une phrase une définition de la permaculture ?

AURELIE : La permaculture est fondée sur trois valeurs : prendre soin des hommes, de la nature et partager équitablement les ressources. Ses principes nous proposent d’utiliser la main de l’homme pour repositionner les éléments de la nature à leur juste place. Bien plus qu’une inspiration agricole comme on l’entend souvent, c’est une philosophie de vie.

 

Pouvez-vous nous expliquer votre concept « myTERREhappy » ?

AURELIE : « myTERREhappy » repose sur trois piliers principaux. D’abord, vivre autrement en introduisant les notions d’habitat naturel, écologique et partagé dans un lieu d’accueil, à la fois d’hébergement et de loisirs. Proposer un hébergement en terre crue architecturalement contemporain, passif en énergies et doté du confort des maisons actuelles, voilà notre challenge. Ensuite, partager passionnément nos valeurs de vie à travers des ateliers, des stages, des séminaires à destination des particuliers et des professionnels. Enfin, le troisième pilier, c’est manger sainement, revenir à l’essence de nos besoins primaires, en créant notamment une micro-ferme inspirée de l’agroécologie et de la permaculture. Mais attention, notre volonté n’est pas de créer une bulle déconnectée du système actuel. Au contraire ! Ce lieu, c’est la recherche d’un équilibre entre technologies et nature. Qui soit rentable et créateur d’emplois.

 

Votre lieu de vie s’adresse donc à toutes les générations ?

AURELIE : On aimerait pouvoir mélanger les générations. Quand on arrive à l’âge de la retraite, on a besoin d’entraide et de réconfort. Créer un lien entre les jeunes et les plus âgés fait partie de notre ADN. Notre société moderne cherche à simplifier les choses, les flux, les organisations mais la nature est complexe, composée de milliers d’individus où chacun est à sa place. Créons ensemble des connexions positives à l’image des ruches et des fourmilières, des organismes qui s’harmonisent à merveille. Je pense qu’il ne faut pas avoir peur de cette complexité. Le fait d’avoir de multiples activités en un même lieu est avant tout un avantage. Lorsque l’une d’entre elles bat de l’aile, les autres sont là pour la supporter le temps nécessaire. Une organisation résiliente et juste, voilà l’avenir que nous dessinons.

Aurélie

« On a l’ambition d’être connecté à l’environnement, à la communauté et surtout de dynamiser un territoire. »

Ce lieu idyllique existe-t-il aujourd’hui ?

AURELIE : Notre objectif est de trouver un terrain cette année, en 2019. Nous approchons du but. Depuis septembre 2018, nous sommes allés à la rencontre des élus et des collectivités afin qu’ils nous accompagnent dans l’obtention de terres. Nous avons en effet l’ambition d’être connecté à l’environnement, à la communauté et surtout de dynamiser un territoire. Nous recherchons donc un lieu d’au moins 5 hectares à la campagne mais connecté et facilement accessible. Sans rien dévoiler, nous avons repéré un terrain sur une commune de 4 000 habitants en région Rhône-Alpes et déjà présenté le projet au maire et à son équipe technique, qui le trouvent juste et nécessaire. On approfondit avec eux les questions d’intégration du projet à leur Plan Local d’Urbanisme. Le chemin est long mais passionnant. Un investisseur privé nous aide également dans la concrétisation de notre rêve et fait entièrement partie de l’aventure.

Quelles sont les difficultés dans le parcours d’une jeune entrepreneure ?

AURELIE : J’ai ressenti de la part de certaines pépinières de start-up un intérêt quasi exclusif pour la « tech ». J’ai aussi eu l’impression de ne jamais arriver au bon moment : on trouvait mon concept déjà trop développé ou, au contraire, pas assez. Au final, certains mentors autour de moi m’ont fait prendre conscience que le travail réalisé était déjà énorme et qu’il était suffisant pour aller à la rencontre des territoires, des investisseurs et des partenaires. Avec mon compagnon Jonas, qui fait partie du projet, nous avons décidé d’aller plus loin dans notre engagement et de devenir entrepreneurs nomades en nous installant dans un camping-car. Une aventure dans l’aventure ! “myTERREhappy” est un projet au long cours. Il faut aussi vivre au quotidien. Alors, sans attendre de vous accueillir sur le lieu, nous développons une offre d’accompagnement des entreprises qui souhaitent se transformer et construire leur futur inspiré de la nature. C’est le « Projet2100 », un programme qui rétablit l’humain, la nature, les organisations et la société en parfaite harmonie. Avec notre bureau mobile nous allons à la rencontre de nos clients.

 

Comment peut-on vous aider dans le développement de votre activité ?

AURELIE : Venez partager notre expérience sur le site myTERREhappy.com ! Reconnectons-nous ensemble à la nature et retrouvons le plaisir simple de marcher pieds nus dans l’herbe. On imagine même un jour créer une fondation et soutenir d’autres projets. Vous l’avez compris, l’achat d’une terre de grande surface en partie constructible est un enjeu majeur. Administrativement, les démarches seront longues. Nous cherchons à rencontrer les collectivités territoriales, des Régions et Départements aux Communautés de Communes pour leur proposer ce projet d’avenir. Et parce que ce projet est coopératif, nous lançons prochainement une campagne de crowdfunding à laquelle vous pourrez participer.

Si vous avez l’envie de partager cette aventure avec nous, rendez-vous sur myterrehappy.com