She's | 11 Feb 2021

BioCellection met en évidence le potentiel caché du recyclage

Entretien avec les dirigeantes de l’entreprise d’upcycling*

INTERVIEW : JULIA MENGELER // PHOTO : JENNIFER LEAHY

À Menlo Park dans la Silicon Valley, Miranda Wang et Jeanny Yao dirigent l’entreprise d’upcycling* BioCellection. Ces deux Canadiennes misent sur une technologie radicalement nouvelle qui permet de traiter des plastiques jusqu’alors considérés comme non recyclables.

Miranda, Jeanny, que fait BioCellection, exactement ?

  • MIRANDA  :  

    Nous achetons et recyclons du plastique peu ou pas recyclable, ce qui ouvre un nouveau marché pour le commerce des déchets plastiques, comme il en existe déjà pour le verre et le métal. Nous incitons les sociétés de recyclage à intégrer davantage de déchets plastiques dans les circuits de valorisation et utilisons ainsi le plastique jugé sans valeur jusqu’à présent.

Comment fonctionne votre technologie ?

  • JEANNY  :  

    Avec un procédé d’oxydation. Nous décomposons le plastique à usage unique en composants chimiques que nous assemblons ensuite de façon à ce qu’ils présentent des propriétés similaires au plastique issu du pétrole. Nous obtenons ainsi du polyuréthane thermoplastique, un matériau très élastique. Il peut remplacer le cuir, le caoutchouc et le silicone, et être utilisé pour les surfaces et la finition des voitures, par exemple. Il est constitué jusqu’à 48 % de déchets recyclés et affiche un bilan carbone inférieur de 46 % à celui des plastiques traditionnels. Avec notre initiative, nous mettons en évidence le potentiel caché du recyclage.

Pourquoi avoir décidé de vous attaquer au problème mondial de la quantité croissante de déchets plastiques ?

  • MIRANDA  :  

    Il y a quelques années, nous avons visité avec notre lycée une installation de transbordement de déchets à Vancouver. Nous avons alors réalisé l’ampleur du problème. Mais il n’est pas facile de changer les choses : nous consommons et les décharges continuent de se remplir.

La tâche ne vous a-t-elle pas paru énorme ?

  • MIRANDA  :  

    Au départ, si. Lorsque nous avons commencé nos recherches, nous avons surtout dû développer la conviction que nous empruntions le bon chemin ! Celui qui nous a menées là où nous sommes aujourd’hui. Notre technologie est basée sur un procédé chimique extrêmement complexe. Une équipe de dix ingénieurs et scientifiques travaille sans relâche pour le rendre encore plus performant.

D’où provient le plastique recyclé par BioCellection ?

  • JEANNY  :  

    Ce sont des déchets ménagers. Actuellement, les déchets sont transportés jusqu’aux centres de tri où les matériaux recyclables sont séparés des autres et revendus. Aux États-Unis, il n’existe aucun marché pour les matériaux d’emballage qui terminent donc dans les décharges. Nous intervenons avant que les déchets plastiques ne soient abandonnés à la décharge, nous les rachetons au tarif de la taxe d’élimination des déchets – soit le prix que les centres de tri touchent dans tous les cas. Et nous proposons une véritable valeur ajoutée en transformant ces déchets en de nouveaux matériaux durables.

Et le plastique qui flotte dans les océans ?

  • JEANNY  :  

    En fait, personne ne l’a jeté à la mer… C’est du plastique perdu pendant le transport ou qui a terminé dans des cours d’eau à proximité des décharges. BioCellection traite le problème de la pollution par le plastique très en amont, donc de façon très efficace aussi.

* Pratique consistant à récupérer des matériaux ou des produits dont on ne se sert plus pour créer des objets ou produits de qualité supérieure.

Qui sont Miranda Wang et Jeanny Yao ?

Miranda Wang et Jeanny Yao se sont rencontrées au lycée.

Toutes deux âgées de 26 ans, elles travaillent ensemble depuis cinq ans sur leur solution de recyclage innovante. Elles ont déjà été récompensées pour leur engagement en faveur de l’environnement et d’un avenir plus durable.

Depuis la rédaction de cet article, BioCellection est devenu Novoloop! Découvrez leurs actualités.