Qu’est-ce qui vous a poussée à lancer votre entreprise ? Comment est né votre projet ?
-
ISABELLE :
« Aujourd’hui, la start-up à laquelle je me consacre, c’est Jolimoi. Je l’ai lancée en 2017 avec trois associées. Mais j’ai créé ma première start-up, Dermance, en sortant de l’école HEC il y a 12 ans. Je suis quelqu’un d’entier et qui s’investit à 1000 % dans tout ce que je fais et, durant mes stages, ce qui m’animait, c’était des rôles et des postes de N+3/N+4. Je souhaitais mettre toute mon énergie et mes idées au service d’un projet que je pouvais façonner comme je voulais. J’avais une profonde envie de liberté, d’indépendance et d’aller vite. Et, surtout, je voulais pouvoir choisir les gens avec qui je travaille et développer une mission forte. En l’occurrence, au-delà de la beauté, un projet autour du féminisme et de l’indépendance. Avec Dermance, mon but était d’offrir une alternative à l’injonction anti-rides et aux fausses promesses faites aux femmes de plus de 45 ans via une conception du mieux vieillir devenue courante aujourd’hui mais beaucoup plus rare à l’époque. Mon moteur était à la fois l’innovation – formuler de bons produits efficaces au bon prix – mais aussi de renouveler la façon de s’adresser aux femmes via un premier réseau de conseillers de vente indépendants. »
Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, comment résumeriez-vous votre nouvelle entreprise Jolimoi ?
-
ISABELLE :
« Aujourd’hui, notre métier chez Jolimoi, c’est de digitaliser et professionnaliser les métiers de la vente par recommandation, vente privée et vente à domicile. On propose ainsi une solution clé en main pour les marques de beauté à qui on va donner accès à un modèle de conseil et de vente non-biaisé, hyper authentique, qui s’appuie vraiment sur le besoin du consommateur et qui est facilité par la technologie grâce à des algorithmes de recommandation. Donc nous, on recrute, on forme et on accompagne des communautés de Stylistes Beauté, aujourd’hui composées essentiellement de femmes. On permet ainsi à des milliers de femmes de s’émanciper financièrement, de travailler d’où elles veulent et quand elles veulent sur leur téléphone portable. Ça leur permet d’avoir un bon complément de revenu ou d’en vivre. Nos Stylistes Beauté ont un statut d’indépendants et perçoivent des commissions allant de 20 à 30 % de leur chiffre d’affaires, ce qui est assez unique sur le marché. Comme pour mon premier projet, mon moteur est toujours cette envie de mettre les femmes au centre, de les faire gagner en liberté, en transparence et de les rendre vraiment actrices au quotidien, qu’elles soient clientes ou conseillères. »
Où en êtes-vous aujourd’hui ? Quel est sont vos next steps ?
-
ISABELLE :
« Aujourd’hui, Jolimoi existe depuis 4 ans, on est 35 salariés et il y a plus de 5000 Stylistes Beauté qui travaillent avec nous. Depuis deux ans, on fait une grosse croissance, 300 % par an. On a vraiment besoin de développer très fortement l’activité. Notre objectif, c’est de continuer à structurer l’entreprise et d’être leader en France, avec un business model disruptif et unique. On souhaite conserver et confirmer notre avance sur le marché pour ensuite conquérir de nouveaux pays en Europe. »
Pourquoi avez-vous accepté de participer au programme She’s Mercedes ? Pourquoi est-il important pour vous d’accompagner d’autres entrepreneures ?
-
ISABELLE :
« Il y a plusieurs raisons. La première est que j’avais été très inspirée par la première saison. La deuxième, c’est ce nouveau format avec la retraite sur deux jours. On a vraiment du temps pour faire connaissance à la fois avec ses mentees évidemment, mais aussi avec les autres mentores et mentees. J’aime ce côté collectif. C’est assez rare de se retrouver avec 15 femmes entrepreneures aux projets, motivations et parcours de vie très différents pour échanger sur le business. C’est toujours hyper enrichissant. J’aime aussi la notion de ‘pay forward’. Moi, j’ai la chance d’avoir un bon réseau et des gens qui m’ont aidée sur mon parcours. Je trouve que c’est normal de partager mon expérience avec des jeunes entrepreneures. À mon petit niveau, j’ai envie de contribuer à soulever les barrières auxquelles sont confrontées les femmes. Je suis aussi ambassadrice SISTA, un collectif qui vise à réduire la différence de financement entre les genres. Pour la petite anecdote, j’ai apprécié aussi la référence à la voiture et à la ligne droite du programme. Durant les débuts de ma première boîte, j’étais tout le temps sur la route. La voiture, ça évoque à la fois l’indépendance et la liberté, ça a une véritable résonance pour moi. »
Comment envisagez-vous concrètement l’accompagnement avec vos mentees ?
-
ISABELLE :
« Elles ont déjà toutes les deux un parcours et une expérience qui font qu’elles sont complètement légitimes. Elles ont chacune une vision, des projets et des positionnements très différents. Donc c’est hyper intéressant. Je ne me vois pas du tout dans un rôle de mentore qui dit comment faire ou qui applique une méthode toute faite. Moi, ce que j’aime, c’est poser beaucoup de questions, essayer de réfléchir un peu en mode ping-pong pour les aider à avancer. Je me rends compte que quand on arrive à se poser les bonnes questions, on a les solutions. Donc c’est ce que je vais essayer de faire avec elles, ainsi que leur donner quelques outils. Le premier travail est de trouver ce qui bloque aujourd’hui, les principes pour progresser. Peut-être que je ferais aussi un peu de mise en relation, même si ce n’est pas l’objectif ici, car ça peut malgré tout donner un coup de pouce. »
Que retenez-vous de votre première séance de coaching ?
-
ISABELLE :
« J’ai vraiment eu une bonne connexion avec mes deux mentees qui, elles aussi, ont des projets très féministes. On se retrouve sur une vision commune et sur une volonté de faire progresser le marché, notamment autour des besoins des femmes. Ce qui m’a impressionnée dans nos échanges, c’est leur maturité et la rapidité avec laquelle elles avancent dans leur projet. C’est probablement lié au fait qu’elles ont eu une expérience professionnelle avant dont elles se sont vraiment nourries pour construire leur projet. Le premier coaching m’a permis de déjà bien cerner leur écosystème. Ça m’a intéressée de comprendre d’où elles venaient, quel était leur environnement personnel. Je trouve qu’il ne faut pas sous-estimer les difficultés connexes et le stress liés à la condition personnelle. On a pu poser une problématique et un sujet qu’on va pouvoir continuer à creuser. Je suis satisfaite car mon objectif en venant ici, c’était de pouvoir leur apporter quelque chose de concret et qu’elles ressortent de ces deux jours avec une piste précise pour la prochaine étape de leur entreprise. »
Qu’est-ce qui rend le programme She’s Mercedes unique selon vous ?
-
ISABELLE :
« Je trouve qu’il y a beaucoup d’énergie et de moyens investis, ce n’est pas juste un coup de com. On sent qu’il y a un vrai engagement de l’équipe, une volonté d’aider les participantes à créer du lien et à faire en sorte que le programme soit fructueux. Je pense qu’il y a une très belle valorisation de l’entrepreneuriat au féminin, que le programme offre aussi une plateforme et une voix. Tout cela est assez unique aujourd’hui. »
Quel était votre état d’esprit pour cette retraite de 2 jours, qu’en attendiez-vous ?
-
ISABELLE :
« C’est assez rare ces moments dans la vie d’une femme où on peut s’extraire de son quotidien, à la fois de chef d’entreprise évidemment, mais aussi de maman et de femme. Donc j’étais très excitée et dans une dynamique hyper enthousiaste. En plus, je connais bien Carole et Agathe et j’avais envie de rencontrer Cathy que je suivais déjà sur les réseaux sociaux. J’étais aussi très curieuse de découvrir toutes ces nouvelles personnes et de partager des moments forts avec toutes. Le fait d’être dans un contexte fermé pendant deux jours, ça crée de vrais liens et de vraies conversations. On peut parler de choses intimes et il se passe souvent de très belles choses dans ces moments-là. »
Les 3 conseils d’Isabelle
- Savoir pourquoi on entreprend
« Ce n’est pas toujours évident, mais c’est important de réussir à formaliser son ‘pourquoi’. Pourquoi, moi, aujourd’hui, à ce stade de ma vie, j’ai envie de porter ce projet ? Ce pourquoi, cette raison d’être, a le droit d’évoluer mais il faut l’identifier dès le départ et se reposer régulièrement la question. Ce petit socle peut nous recentrer quand on est perdu, nous remotiver quand on est découragé. Parfois, ça éclaire aussi notre chemin ou nous aide à prendre des décisions difficiles. »
- Assurer l’exécution de sa vision
« Personnellement, je pense que l’idée ne vaut rien. Ce qui compte, c’est son exécution et sa mise en œuvre. La vision, c’est extraordinaire… mais ce qui importe, c’est d’arriver à la faire exister ! Il est nécessaire d’identifier assez vite les personnes et les facteurs clés de succès dans l’exécution de cette vision. Il faut en premier lieu être très exigeant sur les compétences de son équipe, que ce soient des personnes avec lesquelles on s’associe, des salariés ou des collaborateurs. »
- Ne pas négliger ses besoins personnels
« Créer et développer son entreprise, c’est un travail de longue haleine. Il faut absolument avoir un plan très clair sur le respect de soi et de son mode de vie, notamment en se payant suffisamment pour pouvoir assumer son quotidien. Évidemment, au début, on peut faire des efforts mais, assez vite, il faut pouvoir être stable pour ne pas se mettre en position de faiblesse vis-à-vis de son couple ou sa famille, par exemple. Cette sécurité est essentielle pour être un bon chef d’entreprise et prendre les bonnes décisions. »