She's | 10 Jun 2022

Cathy Closier – fondatrice des restaurants Season

« Discuter avec des jeunes entrepreneures, les accompagner : j'aspire à ne faire que ça un jour ! »

TEXTE : AMANDINE PHILIPPE // PHOTOS : VIRGINIE GARNIER PHOTOGRAPHY

Personnalité solaire à l’énergie débordante, Cathy Closier s’est investie dans cette nouvelle saison du programme She’s Mercedes comme elle le fait au quotidien dans ses restaurants parisiens Season. Nous l’avons rencontrée après sa première séance de coaching avec sa mentee Marina Lemaire, co-fondatrice d’Archie…

Qu’est-ce qui vous a poussée à lancer votre entreprise ? Comment est né votre projet ?

  • CATHY :  

    « J’ai fait mes études dans la mode mais le métier ne m’a pas plu. Je suis donc partie à l’étranger où j’ai travaillé dans la restauration et j’ai beaucoup aimé. Lorsque j’étais aux États-Unis, je me suis vraiment dit que c’était mon domaine, que j’avais trouvé mon métier. Au bout d’un an à New York, j’ai décidé de rentrer pour ouvrir mon restaurant à Paris. Et ce sont mes anciens employeurs qui m’ont aidée à ouvrir mon premier restaurant, il y a 21 ans. Au fil du temps et des opportunités, j’ai ouvert plusieurs affaires jusqu’à ce que des locaux se libèrent pour me permettre de concrétiser une idée de restauration issue de mon expérience aux États-Unis dont je rêvais depuis longtemps mais pour laquelle aucun lieu ne se prêtait jusque-là. Season était né ! Ça fera 7 ans en juillet. C’est vraiment le restaurant grâce auquel je me suis totalement épanouie. Je ne me suis jamais autant amusée en termes de créativité. J’ai repoussé toutes mes limites pour ce projet. Maintenant, on a quatre adresses : dans le Marais, le 9e, le 11ᵉ et un corner au Bon Marché. »

Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, comment résumeriez-vous votre entreprise ?

  • CATHY :  

    « Season possède une inspiration plutôt anglo-saxonne, mais je mêle différentes cuisines dedans puisque j’ai aussi un plat qui vient de mes cuisiniers sri lankais. C’est plutôt une inspiration healthy, mais très gourmande quand même, parce qu’on peut y trouver des tartines d’avocat, des assiettes, bowls, mais aussi des cakes très gourmands et un sandwich naan par exemple. Cette tendance plutôt anglo-saxonne se développe de plus en plus aujourd’hui mais n’existait pas encore il y a sept ans. On essaye aussi de coller aux saisons. C’est de là que vient le nom Season donc c’est important pour moi de vraiment respecter au maximum la saisonnalité même si ce n’est pas toujours facile. »

Où en êtes-vous aujourd’hui ? Quels sont les next steps ?

  • CATHY :  

    « J’ai fait rentrer des associés en septembre 2019. C’est un groupe du Moyen-Orient qui a investi au capital en France, mais qui est principalement venu me chercher pour développer la licence dans tout le Moyen-Orient. Ça a été stoppé pendant le Covid mais maintenant ça reprend. Je suis en train de restructurer un peu en France afin de pouvoir ensuite me mettre à travailler pleinement sur la licence à l’étranger. Le groupe possède de grosses licences de restauration comme Starbucks ou Chanel. Ce qui m’intéresse, c’est d’apprendre avec eux. J’ai besoin d’apprendre des choses et de découvrir. Ils ont une manière différente de travailler. J’ai hâte de collaborer avec eux, de réfléchir à plein de choses. C’est très drôle parce que je le fais déjà, c’est-à-dire que je leur demande parfois leur avis sur certains sujets. Je pense qu’ils sont assez surpris, mais c’est un plaisir pour moi d’échanger avec des professionnels qui ont tant d’expérience. Et d’apprendre d’eux aussi. Adapter Season à des cultures différentes me permet de me challenger un peu. Je ne veux pas m’endormir dans mon projet ! »

Pourquoi avez-vous accepté de participer au programme She’s Mercedes ? Pourquoi est-il important pour vous d’accompagner d’autres entrepreneures ?

  • CATHY :  

    « Discuter avec des jeunes entrepreneures, les accompagner : j’aspire à ne faire que ça un jour ! Quand moi j’ai débuté, j’étais assez seule. Je me suis sentie seule très longtemps. Les femmes dans l’entrepreneuriat, ce n’était pas la même chose qu’aujourd’hui. C’était très compliqué. J’ai dû beaucoup cacher tout ce que je suis en tant que femme. Ça m’a permis de réussir, mais ça a été très dur à certains moments. On a l’impression qu’on ment un peu sur ce qu’on est réellement et on est de ce fait d’autant plus seule parce qu’on ne peut absolument pas partager des moments de vulnérabilité. Maintenant, ça ne me fait plus peur évidemment. En fait, j’ai plutôt envie d’accompagner les jeunes femmes là-dessus pour qu’elles n’aient pas peur de rester elles-mêmes. On a le droit d’être vulnérable et ça n’empêche pas de réussir. Je veux faire passer le message aux jeunes femmes qu’on peut être parfois hypersensible et réussir. On peut être maman et réussir. Il faut bien dire qu’il n’y a pas de frein à la réussite et à l’entrepreneuriat quand on est une femme. »

Comment envisagez-vous concrètement l’accompagnement avec votre mentee ?

  • CATHY :  

    « On a discuté, on s’est isolées toutes les deux pendant deux heures parce que j’avais besoin de comprendre ce qu’elle était venue chercher. J’ai toujours besoin de savoir ce que la personne vient chercher, ce dont elle a besoin. Donc je lui ai demandé de me raconter son histoire du début jusqu’à maintenant pour essayer de déceler certaines choses. Je n’ai pas envie de dévoiler trop de choses, mais je pense que peut-être j’arrive au bon moment pour l’aider sur l’un de ses besoins actuels. Elle me touche beaucoup et j’ai envie de l’aider. J’ai repéré des similitudes sur nos caractères donc c’est un bon match. Je crois qu’elle a compris que j’étais quelqu’un qui pouvait être une bonne oreille et qu’elle peut être elle-même en ma compagnie et avoir confiance en moi. Pour moi, c’est le principal. Mon but n’est pas de lui tenir la main si ce n’est pas nécessaire. C’est vraiment qu’elle puisse se dire qu’elle n’est pas toute seule et qu’elle a quelqu’un de sécurisant à qui parler dans la durée si elle en ressent le besoin. »

Qu’est-ce qui rend le programme She’s Mercedes unique selon vous ?

  • CATHY :  

    « Je pense que c’est l’immersion sur plusieurs jours. J’ai déjà participé à trois ou quatre “meetup”. Je trouve très frustrant ce temps limité. Avec les personnes qui sont venues, on n’a finalement jamais eu de relation directe. Ça dure cinq minutes parce qu’il y a beaucoup de personnes. Et je me demande toujours si les personnes ont réussi à trouver ce qu’elles étaient venues chercher. Est-ce qu’elles ont eu des réponses à leurs questions ou pas ? On ne sait pas qui sont les personnes en train de nous écouter ou ce qu’elles font, etc. C’est très frustrant. Avec la retraite et l’accompagnement She’s Mercedes, je trouve agréable de se dire qu’on a le temps d’apprendre à se connaître et que l’on va se découvrir de plus en plus. Je pense que c’est cette démarche qui permet d’établir un lien et donc de réellement aider la personne. »

Quel était votre état d’esprit pour cette retraite de 2 jours ? Qu’en attendiez-vous ?

  • CATHY :  

    « De l’excitation de découvrir les personnes et aussi de l’appréhension de se demander si j’allais être utile. Donc c’était un peu les deux mélangés. On nous avait prévenues que les journées allaient être chargées mais, finalement, j’étais très détendue et j’ai quand même eu du temps libre ! Du coup, c’est génial parce que j’ai pu profiter pleinement de l’évènement et même travailler un peu. J’avais hâte aussi d’aller essayer les véhicules. Pour moi, c’est toujours un plaisir d’accompagner, de soutenir, d’aider des jeunes entrepreneures. J’ai quand même maintenant plus de 20 ans d’expérience. J’ai passé beaucoup d’étapes, je peux partager mon expérience avec elles pour leur montrer que, malgré les chutes, on se relève toujours. J’aime l’idée d’être là pour une personne qui se sentirait un peu seule, d’être une béquille de temps en temps. »

Les 4 conseils de Cathy

  1. Suivre son intuition
    «  Je suis très intuitive. Je pense qu’il faut toujours suivre son intuition, son cœur, son envie. La vie est une grande aventure donc, pour moi, il est important d’avoir envie de se réveiller tous les matins en étant heureux de ce qu’on fait et de ce qu’on va faire. Il faut essayer les choses dans la vie, ne pas avoir de regrets. »
  1. Oser commencer
    « Tout ne tombe pas du ciel quand on est entrepreneur : Il faut être dans l’action. Oser commencer, écrire son idée, décrire son concept, mettre des chiffres, en parler autour de soi… Avancez dans le projet et vous verrez au fur et à mesure des étapes (banque, investisseurs, …) s’il continue, s’il faut l’adapter ou s’il s’arrête en cours de route. »
  1. Faire appel à des professionnels
    « Il ne faut pas hésiter à faire appel à des professionnels. C’est-à-dire, un bon avocat, un comptable… On m’a dit à mes débuts qu’il faut savoir dépenser de l’argent pour en gagner. Essayer de faire des économies sur les choses essentielles au début peut vous faire perdre beaucoup plus d’argent plus tard. Être bien entouré professionnellement, c’est le minimum pour bien débuter. »
  1. Définir les choses clairement avec son associé
    « Si vous avez un associé, il est indispensable d’avoir une discussion et des statuts détaillés dès le départ. Il vaut mieux se disputer au début sur la rédaction des statuts afin de s’assurer qu’on est bien sur la même longueur d’ondes. Ainsi, tout est clair une fois qu’ils sont signés. Parfois, ça permet de se rendre compte que ce n’est pas la bonne personne pour s’associer. »