« À Oman, j’ai sans doute vécu les plus grands moments de beauté et de solitude de ma vie. En effet, dans le cadre de nos travaux de recherches pour les missions sur Mars, je suis souvent complètement livrée à moi-même. Le seul bruit que j’entendais était celui du ventilateur intégré au dos de ma combinaison. Ma vue était un peu étrange, car la visière du casque produit un effet fish-eye, ce qui donne l’impression d’être un poisson dans un bocal. Je n’avais encore jamais autant transpiré, les températures grimpaient parfois jusqu’à 38 degrés, et ce dans une combinaison de 50 kilogrammes. Nous avons été isolés pendant trois semaines, mon équipe et moi, soit 15 personnes au total.
Nous n’avions ni Internet, ni supermarché, nous étions complètement coupés du monde. Nous avons mené des expériences qui mettent à l’épreuve le travail en équipe. Dans une telle situation, on vit en dehors de la réalité, on repousse ses limites, le mental joue un rôle décisif. Dans le cadre de ces simulations, nous observons par exemple si l’intonation à elle seule laisse transparaître le niveau de stress. Il est important de parler de tout ouvertement. En cas de conflits, l’humour est d’une grande aide. Par ailleurs, je crois que le premier homme qui atterrira sur Mars est déjà né. Y a-t-il de la vie dans l’univers ? Ce serait bizarre de penser que nous serions les seuls. Je crois qu’il y a quelque chose… »