Imagine | 3 Nov 2020

L’intelligence artificielle au service de la conduite autonome

Harmoniser la logique des algorithmes et de la pensée humaine

TEXTE : HENDRIK LAKEBERG // ILLUSTRATIONS : ROCKET & WINK

La conduite autonome est en train de devenir possible grâce aux progrès vertigineux de l’intelligence artificielle. Pour que cette technologie devienne un jour une réalité sur la route, les ingénieurs ont de beaux challenges à relever et de nombreuses questions éthiques restent à éclaircir.

Est-il possible, dès la phase de développement de nouvelles technologies, d’identifier leur utilité mais aussi leurs effets négatifs potentiels dans le but d’éliminer ces derniers sur le long terme ? Oui, estime Elizabeth Hofvenschiöld, futurologue chez Daimler AG et responsable des questions sociales et éthiques liées aux nouvelles technologies.

 

Prévenir les conséquences indésirables

L’intelligence artificielle (IA) est au centre de ses recherches. Les domaines d’application de l’IA vont de la fabrication au produit en passant par la distribution ou le juridique. « En ce qui concerne le produit, la conduite autonome sera à l’avenir l’application la plus importante », explique la chercheuse. Cette technologie peut rendre la mobilité au quotidien plus confortable, améliorer sensiblement la sécurité routière et minimiser le risque d’accident dans le monde. Le potentiel de la conduite autonome est vraiment considérable. Mais il va falloir attendre encore un certain temps pour que les voitures puissent nous transporter sans que nous intervenions et c’est une chance selon la chercheuse : « Nous pourrons ainsi prévenir les éventuelles conséquences indésirables de ce type de technologies, totalement nouvelles, dès leur phase de développement. »

L’IA doit s’adapter aux habitudes de l’être humain

Concrètement, cela signifie que les questions et les critiques sont non seulement justifiées mais surtout nécessaires pour sensibiliser les ingénieurs et les développeurs à l’idée qu’une technologie telle que la conduite autonome – impossible sans intelligence artificielle – doive s’adapter le plus possible aux habitudes de l’être humain. Mais aussi pour créer un climat de confiance, aussi bien du côté des conducteurs que des autres usagers de la route. Ce n’est qu’une fois que la présence de cette technologie aura été acceptée dans notre quotidien qu’elle pourra déployer ses effets et rendre notre mobilité globalement plus sûre, plus efficace et plus confortable. Pour cela, il faut garantir qu’un véhicule autonome en circulation soit au moins aussi sûr qu’une voiture conduite par un être humain.

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Réglementation claire pour le traitement des données

Comme l’indique son nom, l’intelligence artificielle apprend à travailler en toute autonomie si elle est alimentée par les données dont elle a besoin. Cela la rend très précieuse, mais il faut aussi s’y habituer… Rien que l’extraordinaire quantité de données exploitées en quelques secondes par des algorithmes autoadaptatifs dépasse notre imagination. Leur traitement doit être réglementé de manière claire et compréhensible. Ces dispositions légales existent déjà : la loi régit l’origine des données, les options dont disposent les utilisateurs concernant la transmission de leurs informations, et aussi la mesure dans laquelle les entreprises peuvent recueillir ces données. Il faut cependant veiller à communiquer avec transparence. « Dès le développement, nous devons incorporer des qualités humaines comme l’attention et l’inclusion à cette technologie afin que les différents groupes de personnes soient traités de façon juste et équitable », affirme Mme Hofvenschiöld. Voilà pourquoi Daimler AG est le premier groupe automobile qui a édicté quatre principes liés à l’intelligence artificielle.

Favoriser une communication intuitive

Alexander Mankowsky travaille lui aussi sur la question de l’éthique dans le domaine de la conduite autonome. Avec des collègues, le futurologue a développé pour Mercedes-Benz des moyens pour que les véhicules autonomes puissent communiquer efficacement avec les usagers de la route. Un premier aperçu a été donné avec la Classe S baptisée Cooperative Concept : des éléments lumineux ont été installés sur le toit pour informer les piétons quand le véhicule se déplace en mode autonome. Un clignotement lent signifie que le véhicule ralentit ; s’il est rapide, le véhicule démarre. Les gens devraient être en mesure d’interpréter ces signaux intuitivement. « L’objectif est de créer une ‘confiance informée’ entre les véhicules autonomes et les usagers de la route », explique Alexander Mankowsky. Le concept-car Vision AVTR reprend aussi l’idée du Cooperative Concept. « Les véhicules doivent en quelque sorte apprendre à sentir, car nous sommes davantage guidés par nos sentiments que par nos pensées rationnelles », commente le futurologue.

L’objectif de Mercedes-Benz consiste à concilier innovation et responsabilité. « Si nous y arrivons fréquemment, alors nous pourrons changer le monde, positivement et durablement », ajoute Elizabeth Hofvenschiöld.

 

Les Quatres principes relatifs à L’Intelligence Artificielle chez Daimler AG

Le recours à l’Intelligence Artificielle (IA) nécessite des lignes directrices claires. Daimler AG est le premier constructeur automobile à avoir établi quatre principes :

  1. Utilisation responsable

« Nous concevons l’intelligence artificielle de manière responsable. Nous exploitons les possibilités de l’intelligence artificielle et évaluons ses implications et leur conformité aux valeurs de notre entreprise. »

  1. « Explicabilité »

« Nous nous engageons en faveur d’un niveau élevé de transparence dans l’objectif de favoriser la confiance envers l’IA. En outre, nous voulons que l’IA soit explicable. »

  1. Protection de la vie privée

« Nous respectons la vie privée et en tenons compte dès la phase de conception de l’IA. Nous privilégions les technologies respectueuses de la protection des données. »

  1. Sécurité et fiabilité

« Nous développons et testons nos technologies d’IA de manière consciencieuse selon les avancées de la science et de la technologie. Nous prenons des mesures appropriées pour développer une IA plus sûre et plus fiable. »

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