Sophia Flörsch, 19 ans, est une véritable pionnière : en 2016, cette Munichoise était la première femme à engranger des points lors du Championnat d’Allemagne de Formule 4 et, l’année suivante, elle était la première femme à monter sur le podium. Son objectif est clair : « Je veux courir dans la discipline reine. » Sophia Flörsch veut devenir la première championne du monde de Formule 1 – ou de Formule E, si ce championnat devient le summum du sport automobile d’ici à quelques années.
À ce jour, seules cinq femmes ont couru en Formule 1 : la première a été l’Italienne Maria Teresa de Filippis en 1958 et la dernière Giovanna Amati en 1992. La plupart d’entre elles avaient commencé à s’entraîner à l’âge de 19 ans. Sophia Flörsch, à l’inverse, participe à des courses depuis son enfance. Et depuis qu’elle a passé son bac, il y a deux ans, elle se concentre à 100 % sur la conduite.
Une exception dans un monde masculin
Sophia Flörsch demeure une des seules femmes dans le sport automobile. En comparaison avec ses concurrents masculins, elle a plus de mal à trouver des subventions, des investisseurs et des sponsors. Pourtant, ceux-ci sont essentiels si on veut rester au sommet. En Formule 3, qu’elle a intégrée en 2018, les coûts s’élèvent en moyenne à 1,2 million d’euros par saison.
Sophia Flörsch est très claire au sujet de son statut d’exception : « En tant que femme, je pilote tout aussi bien qu’un homme », souligne-t-elle. « C’est surtout une question de talent et de courage. » Tout le reste n’est que préjugé, contre les femmes et contre les femmes au volant. « Aucun sport ne peut se permettre d’exclure la moitié de la population planétaire. » Voilà pourquoi elle est défavorable à l’idée d’un statut particulier pour les femmes pilotes. Elle s’oppose aux quotas féminins et à un classement séparé.
Une jeune femme engagée
En vue d’encourager la jeune génération de femmes, elle préfère s’engager en tant qu’ambassadrice pour Dare To Be Different, la fondation de son ancienne collègue britannique Susie Wolff. L’organisation s’est fixée comme objectif de libérer les jeunes femmes de leur appréhension à sortir du rôle social traditionnel.
Le plus grand exemple de Sophia Flörsch est Lewis Hamilton, qui s’engage lui aussi en faveur de plus de diversité dans le sport automobile. À l’occasion de la remise des Laureus World Sports Awards en février, elle a reçu le prix du meilleur come-back de l’année.
Un accident spectaculaire
À peine un an plus tôt, lors du Grand Prix de Macao, Sophia était en effet entrée en collision à pleine vitesse avec un autre véhicule et avait perdu le contrôle de sa monoplace. Lorsqu’on voit aujourd’hui les images, on peine à croire qu’elle – et toutes les autres personnes impliquées – aient pu survivre à cet accident. La jeune femme s’en est sortie avec de multiples fractures à la colonne vertébrale et il a fallu une opération chirurgicale de onze heures pour prélever un fragment de son os iliaque et le placer dans sa vertèbre cervicale fracturée.
Mais il en faut plus pour la décourager ! Peu après, elle annonçait déjà qu’elle retournerait bientôt sur les pistes. Elle n’a jamais eu besoin de courage pour se remettre au volant. « Il faut pouvoir piloter la voiture dans des situations limites, et parfois même prendre des risques », explique-t-elle. « J’ai toujours été et je reste consciente de la dangerosité de ce sport et du fait qu’il faut avoir de la chance. »
Une équipe exclusivement féminine au Mans
Après ces blessures terribles, elle a lutté pour revenir au sommet, soutenue par son père, qui est son manager. Cet été, elle a relevé un nouveau défi en prenant part à la légendaire course des 24 Heures du Mans. « Le rêve de tout pilote de course », selon Sophia. Avec ses collègues, la pilote d’essai de Formule 1 colombienne Tatiana Calderón et la pilote néerlandaise Beitske Visser, elle a couru pour l’occasion en équipe.
Grâce à leur rythme homogène et à des triples relais parfaitement exécutés, les trois pilotes ont réalisé une belle performance en terminant à la 9e position de la catégorie LMP2 et à la 13e place du classement général. Une étape de plus pour Sophia Flörsch qui souhaite devenir la pilote la plus rapide du monde !