Rencontre avec Lewis Hamilton à Melbourne pendant la semaine du Grand Prix d’Australie en mars 2020. Un mois qui aurait dû marquer le début de la nouvelle saison de Formule 1. Après l’interview, la course a été annulée en raison de la pandémie de Covid-19. Le but de cette interview n’était de toute façon pas de dresser un portrait de la star de la Formule 1, mais plutôt de discuter de l’engagement personnel et professionnel du champion en faveur d’un monde meilleur.
Lewis, tu montres aujourd’hui au public un nouveau Lewis Hamilton qui prend position, qui s’engage en faveur de la nature et des animaux. C’est nouveau pour toi ?
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LEWIS :
J’ai toujours attaché beaucoup d’importance à la nature et aux animaux, cela n’a rien de nouveau. Mais je n’en ai pas toujours été conscient. Je n’y réfléchissais pas, tout simplement. Aujourd’hui, si je suis dans un avion ou à la maison et que je vois par hasard une photo ou une vidéo sur Instagram d’animaux qui se font tuer en Asie, au Royaume-Uni ou en Europe, je me dis : « Mais qu’est-ce que je vois ? Qu’est-ce que c’est ? » En réalité, nous sommes tous ignorants sur ces sujets. Avant, je mangeais ce que tout le monde mangeait. Je me gavais de n’importe quoi sans savoir d’où cela venait. J’ai décidé de devenir vegan et de ne plus jamais contribuer à l’exploitation animale. Je voudrais maintenant sensibiliser les gens qui me suivent. Ce sont de petites étapes, mais même si je n’en passe qu’une par an, cela a un impact. En ce moment, je me pose la question suivante : « Quel est mon rôle ? Que puis-je rendre à la société ? Comment puis-je contribuer au changement ? » Nous ne sommes pas sur Terre sans raison.
Alors quel est ton rôle, Lewis ?
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LEWIS :
Il m’a fallu longtemps pour me rendre compte à quel point je dispose d’une audience extraordinaire. Je n’aurais jamais pensé avoir un jour près de 15 millions de followers sur Instagram ou pouvoir changer la vie ou la journée de quelqu’un avec une publication. Il peut arriver que je publie une image avec la phrase « Ne laissez pas tomber, je sais que c’est difficile. », et quelqu’un réagit : « Mon Dieu, j’étais au bout du rouleau aujourd’hui, et vous m’avez redonné courage. » Quand j’ai commencé à voir les possibilités qu’offre Instagram, j’ai pensé : « Bon, il faut que j’utilise ce canal pour passer le bon message, c’est-à-dire pour apporter quelque chose de positif. Je veux donner l’exemple aux autres, et pas seulement poser pour des photos ou publier sur des sujets inutiles. » Je m’intéresse essentiellement à tout ce qui tourne autour de la durabilité. Je suis engagé dans ce domaine, et j’ai pris position publiquement sur le sujet.
Mercedes-Benz s’est fixé des objectifs ambitieux quant à un avenir durable et à une mobilité zéro émission d’ici à 2039. Qu’en penses-tu ?
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LEWIS :
Il est question de durabilité, d’économie circulaire et de recyclage. C’est extraordinaire que Mercedes-Benz soit à l’avant-garde dans l’utilisation de matériaux durables, et quels progrès dans le domaine des véhicules électriques ! Autre exemple, la marque Tommy Hilfiger, qui privilégie l’utilisation de textiles recyclés. Dans ma nouvelle collection, la part de matériaux durables doit se rapprocher le plus possible des 100 %. C’est l’objectif. J’encourage tous mes partenaires à faire de même. Bien entendu, tout le monde a le droit de se forger sa propre opinion. Certaines personnes pensent différemment, c’est leur choix. Je ne force personne à adopter mon point de vue. Je ne peux parler que pour moi, mais j’aurais aimé savoir ce que je sais maintenant il y a dix ans, même plus tôt.
Es-tu engagé en faveur de changements dans le monde de la Formule 1 ?
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LEWIS :
Ce que disent toujours les gens en premier, c’est que nous nous rendons sur les lieux des courses en avion et que nous conduisons des voitures qui émettent du CO2. C’est un conflit permanent, mais c’est ainsi que fonctionne le secteur. Cela continuera, que j’y prenne part ou non. En revanche, ma voix a un poids dans le domaine des courses, que je voudrais changer de l’intérieur. Être chez Mercedes-Benz m’aide beaucoup. Je soutiens la Marque automobile qui est, selon moi, non seulement la meilleure mais aussi la plus durable. De nombreuses entreprises voient la durabilité comme une case à cocher dans une liste : « Nous recyclons le papier » par exemple. Mais la durabilité doit être une priorité ! Elle n’est pas toujours en haut de la liste, mais la pression exercée par l’extérieur et par les experts du climat met petit à petit cette question au premier plan dans la Formule 1.
Si tu te projettes dans l’avenir et que tu repenses à aujourd’hui, de quoi seras-tu fier ? Qu’est-ce qui ressortira de ton engagement ?
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LEWIS :
Dans vingt ans, quand je regarderai en arrière, les courses ne seront qu’un aspect de ma carrière.
Tu plaisantes, Lewis ! Les gens se souviendront de toi comme légende du sport automobile…
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LEWIS :
Bien sûr, nous avons fait beaucoup de choses, mais ça ne sera pas le plus important pour moi. Je veux contribuer à changer le monde de la Formule 1, afin qu’il s’ouvre à la diversité, qu’il se tourne vers l’avenir et devienne plus respectueux de l’environnement. Je veux continuer à avoir du succès, car cela me donne une audience ! Je peux dire ce que je pense, et je sais que j’ai le pouvoir de changer les choses. Il n’y a toujours pas de diversité dans le sport automobile. Je fais de la Formule 1 depuis quatorze ans et on ne parle toujours pas de ce sujet. Si j’arrête dans trois ou quatre ans, il n’y aura plus aucun pilote de peau foncée en Formule 1 pendant un certain temps. J’ai donc beaucoup à faire. Je peux remporter mille autres titres, si je ne réussis pas sur ce plan, tout aura été vain.
Qu'est-ce que tu penses de l'EQC et de la vision EQS ?
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LEWIS :
Parmi tous les nouveaux modèles de Mercedes-Benz, l’EQC est mon préféré. Je l’ai conduit lors des tests de Formule 1 à Barcelone et j’ai été ravi. C’est une voiture impressionnante. Au volant, on ressent la vitesse et ses réactions sont immédiates. J’étais persuadé d’être de la vieille école, parce que j’adore les gros moteurs et les V12, le son et les vibrations. Mais je m’habitue à l’atmosphère futuriste des voitures électriques. La Vision EQS a aussi fait sensation après sa présentation à l’automne dernier. Elle est superbe ! Je sais que c’est un concept-car. Mais Si l’EQS sort en série, ce sera ma voiture. D’office. »