Qu’est-ce qui vous a poussée à lancer votre entreprise ? Comment est né votre projet ?
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PAULINE :
« En fait, j’avais déjà créé une entreprise à l’âge de 25 ans, une agence de communication via laquelle je travaillais pour de grandes marques. J’ai toujours eu cette envie d’entreprendre, de créer et d’innover. C’est quelque chose qui m’anime depuis assez jeune. Quand j’ai créé l’association Unisoap, j’avais donc moins peur de me lancer. Même si j’aimais beaucoup mon travail avant, j’avais besoin de lui donner plus de sens et d’être alignée avec mes valeurs. Avec ce projet, j’ai vraiment voulu mettre en place une démarche qui n’existait pas encore en France. J’avais la volonté d’innover et d’entreprendre au service du bien commun. L’hygiène touche à la santé mais aussi à l’estime de soi, à la dignité humaine. Ce n’est pas un luxe, c’est vraiment une nécessité. Les associations ont un grand besoin de produits d’hygiène, ils en reçoivent peu car c’est souvent cher. »
Comment résumeriez-vous votre entreprise ?
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PAULINE :
« Nous récoltons les savons usagés des hôtels dans le but de les recycler afin de donner accès à l’hygiène aux personnes dans le besoin. On a une triple démarche. Tout d’abord environnementale puisque l’objectif est de réduire les déchets des hôtels, de donner une seconde vie aux savons. Elle est également sociale puisqu’on travaille avec un ESAT (établissement et service d’aide par le travail), près de Lyon, qui emploie des jeunes en situation de handicap entre 18 et 25 ans. On les forme à nos process de recyclage et on leur met à disposition nos machines. C’est assez valorisant parce qu’ils voient tout le processus de A à Z. Notre troisième démarche est humanitaire car on donne les savons neufs Unisoap à des personnes dans le besoin via une vingtaine d’associations partenaires comme les Restos du cœur, le Secours populaire, Solidarités International, l’Armée du Salut mais aussi des plus petites structures afin de pouvoir couvrir les besoins de tout type de bénéficiaires. »
Depuis quand existe votre entreprise ? Où en êtes-vous aujourd’hui ? Quels sont les next steps ?
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PAULINE :
« Unisoap a été créée fin 2017. On rentre dans notre cinquième année mais au milieu il y a eu la pandémie, donc deux années un peu particulières. Les hôtels étaient fermés mais ça n’a pas été un grand souci car on avait déjà collecté beaucoup de savons. Donc, tout ça nous a permis de nous positionner, de prendre le temps d’établir un process de recyclage qui répond aux réglementations cosmétiques en vigueur, d’acheter les machines, de former les jeunes de l’ESAT. Aujourd’hui, on estime qu’il y aurait 51 millions de savons jetés chaque année par les hôtels en France. Et pourtant, 3 millions de personnes n’ont pas les moyens de s’acheter des produits d’hygiène de base en France. Nous souhaitons donc continuer le recyclage des savons pour donner accès à l’hygiène aux plus démunis. En plus de nos savons, nous mettons aussi en place des opérations de réalisation de kits d’hygiène pour lesquels les marques nous donnent d’autres produits comme des brosses à dents, du dentifrice, du shampoing. On se concentre surtout sur la France mais nous avons réalisé dernièrement notre première opération à l’international en envoyant 1000 kits d’hygiène pour l’Ukraine. »
Qu’attendez-vous du programme She’s Mercedes ?
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PAULINE :
« J’ai voulu participer à ce programme pour l’aspect humain et les échanges enrichissants. C’est intéressant de rencontrer des femmes entrepreneures qui, comme moi, font face aux mêmes problématiques et avec qui je peux échanger sur des sujets qui touchent à l’entrepreneuriat, mais aussi à la vie d’une femme en général. Je suis avide de mieux connaître le vécu des mentores et leurs conseils pour se développer. »
Quels sont les sujets que vous souhaitez particulièrement travailler avec votre mentore ?
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PAULINE :
« Il y a plein de sujets, notamment la gestion du temps et l’organisation quand on est en plein développement. Comment faire pour ne pas être sous l’eau ? Parce que c’est ce qui m’est arrivé. Pour moi, la gestion du temps est une grosse problématique. J’ai démarré seule… et maintenant on est cinq. J’expérimente donc le management et le recrutement mais c’est nouveau pour moi. Il y a un an, j’ai recruté mon bras droit, mon responsable des opérations qui s’appelle Pierre et ça a amené une nouvelle organisation au sein de l’équipe. Maintenant, l’équipe est structurée, chacun a un poste dédié, alors qu’avant nous devions être plus polyvalent. Cela me permet de me décharger un peu de l’opérationnel pour pouvoir réfléchir à la stratégie et aux futurs projets. »
Qu’est-ce qui rend le programme She’s Mercedes unique selon vous ?
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PAULINE :
« Il est très riche parce qu’on a à la fois des échanges avec nos mentores et les autres participantes. Les thèmes des workshops sont aussi super : l’intuition, la gestion du temps, la méditation. Je pratique depuis peu, mais ça m’apporte beaucoup pour réussir à me recentrer parce que j’ai tendance à avoir une énergie qui part dans tous les sens et je suis de nature assez stressée. C’est aussi un temps pour moi que je ne pourrais pas forcément m’accorder autrement dans ma vie d’entrepreneure. Ça permet d’avoir un temps pour se poser, poser les bonnes questions, échanger, se recentrer. Et puis ça peut faire émerger aussi des nouveaux projets, la synergie entre chacune, de nouvelles idées. Ça peut apporter du réseau, des collaborations, des relations durables dans le temps aussi. »
Quel est votre premier ressenti sur votre mentore et les autres participantes ?
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PAULINE :
« On est avec des personnes qui ont du niveau ! Ce sont de belles personnalités sur différents secteurs d’activité. Ma mentore est Carole Juge Llewellyn de Joone. C’est un vrai modèle de réussite, elle est assez impressionnante. Elle a déjà 50 salariés, il faut vraiment avoir les épaules pour affronter tout ça. Je suis assez admirative de sa réussite, de son caractère entreprenant. Elle a un fort caractère, je pense qu’il en faut pour pouvoir réussir, faire face à tout type de problématiques. »
Quel était votre état d’esprit pour cette retraite de 2 jours ? Qu’en attendiez-vous ?
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PAULINE :
« Je me suis laissée porter. J’ai essayé de lâcher prise, de laisser les choses venir à moi. J’étais dans un très bon état d’esprit d’ouverture aux autres et de bienveillance. Quand on regarde l’autre, il y a un peu cet effet miroir. Quand elles racontent leurs histoires, leur aventure entrepreneuriale, il y a une résonance en moi. C’est un peu comme une thérapie ! »
Comment vous voyez-vous, vous et votre entreprise, dans 2 ans ? Comment envisagez-vous le futur de votre entreprise ?
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PAULINE :
« Aujourd’hui, on a 250 hôtels partenaires et 7 tonnes de savons collectés. On a distribué 18 000 savons. L’objectif, c’est de continuer à développer Unisoap, de recycler encore plus de savons afin d’en distribuer toujours plus. Nous sommes en réflexion pour un autre centre de recyclage et en pleine recherche et développement d’une nouvelle machine qui nous permettrait d’automatiser un peu plus l’une des étapes du recyclage. Nous avons aussi été beaucoup sollicités pour dupliquer le modèle dans d’autres pays où il y a vraiment des besoins et beaucoup d’hôtels. On aimerait également élargir notre gamme de produits d’hygiène, avec des shampoings solides, des conditionneurs, des gels douche. Pour cela, on sensibilise de plus en plus les hôtels aux produits cosmétiques solides. »
Les 3 conseils de Pauline
- Garder une petite part d’inconscience
« Il y a une phrase de Mark Twain qui dit : “Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait”. En fait, c’est un peu ça. Je pense qu’il faut avoir une petite part d’inconscience pour entreprendre. Parce que si on a déjà tous les paramètres et toutes les problématiques, c’est vrai qu’on peut vite être dissuadés et découragés. » - S’autoriser à faire des erreurs
« Je dirais aussi qu’il faut s’autoriser à faire des erreurs, même si ce n’est pas facile parce qu’on a envie de tout contrôler et que tout soit parfait. Mais ce sont ces erreurs qui nous font avancer, trouver d’autres solutions et évoluer. De même, il faut aussi accepter que nos collaborateurs puissent faire des erreurs ! » - Choisir des collaborateurs capables de s’adapter
« L’aventure entrepreneuriale est loin d’être linéaire, il faut embarquer des collaborateurs qui sont capables de s’adapter et de faire face à ses hauts et ses bas. Tout le monde ne peut pas forcément travailler dans ces conditions. »