Enfant, elle voulait devenir pompière. Adolescente, elle s’imaginait être un jour première ministre de l’Australie (« Pourquoi pas, après tout ? »). À l’époque, elle vivait avec sa mère, une célèbre anthropologue, en terre aborigène, sans électricité ni eau courante. C’est là qu’elle a découvert sa propre passion de l’anthropologie, ce qui l’a poussée à partir en Amérique pour étudier les cultures.
L’aspect humain de la technologie
Elle a commencé contre toute attente une carrière internationale dans la technologie comme professeure d’anthropologie. En effet, flairant de nouveaux marchés au-delà de la fabrication de puces électroniques et de semi-conducteurs, la multinationale Intel a offert en 1998 un poste à Genevieve Bell. Elle devait cerner ce que les gens attendaient des ordinateurs : « Ils voulaient que je leur explique comment fonctionnent les femmes. “Les trois milliards de femmes dans le monde ?”, ai-je demandé à mes supérieurs. “Oui, ça serait super”, m’ont-ils répondu. » Geneviève Belle, aujourd’hui âgée de 53 ans, conseille d’exploiter le statut particulier des jeunes informaticiennes de la Silicon Valley et du domaine de l’intelligence artificielle, dont les collègues sont à ce jour presque tous des hommes.
La professeure Bell s’est même vu décerner l’Ordre d’Australie « pour ses services éminents au service de l’Australie ou de l’humanité en général » et a été récompensée de plusieurs prix. Comprend-elle pour autant que ses contemporains craignent de ne pas être assez intelligents pour toute cette intelligence artificielle ? « Je suis ravie de pouvoir travailler avec de fantastiques collaborateurs qui ont la ferme intention de changer cela », répond joyeusement l’anthropologue qui, en tant que directrice du 3A Institute et de la nouvelle School of Cybernetics de l’Australian National University, aspire à rendre l’intelligence artificielle sûre et durable. « Si on veut un avenir meilleur, il faut mettre la main à la pâte. »
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