Quel est la spécificité du Women’s Risk Institute ?
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MAHASTI :
Au Women’s Risk Institute, nous faisons de la médecine prédictive. Avec une medtech française, Predilife, nous utilisons le test MammoRisk, qui permet à chaque femme d’évaluer son niveau de risque de développer un cancer du sein dans les 5 ans. Nous pouvons donc agir avant que le cancer ne survienne. C’est une manière totalement différente de prendre en charge la maladie.
Comment fonctionne le test MammoRisk ?
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MAHASTI :
Aujourd’hui, nous avons des informations sur des millions de femmes qui ont eu des cancers du sein. En même temps, la biologie moléculaire, dont la génétique du cancer du sein, a connu une révolution. On connaît les profils génétiques à haut risque et les profils protecteurs. Enfin, l’imagerie du sein a également beaucoup évolué, en particulier la mammographie. Certes, les appareils sont de plus en plus performants, mais on sait aussi que la densité mammaire, que l’on peut mesurer sur une mammographie, est fortement liée au risque de cancer du sein. Grâce à l’intelligence artificielle, nous sommes maintenant capables d’agréger les éléments des grandes bases de données avec les informations génétiques individuelles et la densité mammaire de chaque femme. MammoRisk permet ainsi de prédire si une femme est à risque et quel est son pourcentage de développer un cancer du sein dans les 5 ans, ce qui nous permet d’adapter notre prise en charge. Par exemple, si vous êtes à 3% de risque, il faut absolument faire des mammographies tous les ans pour détecter la moindre anomalie. Alors qu’à l’inverse, si vous avez 0,5% de risque, avant 50 ans il y a moins besoin de surveillance.
Pourquoi avoir choisi la cancérologie ?
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MAHASTI :
Parce que c’est une discipline extrêmement intéressante qui allie la science, l’innovation et l’humanité. C’est très contrasté : il faut être très humain – on est quand même sur des questions de vie et de mort – et en même temps, la science a une part énorme à jouer. C’était un choix difficile. Il y a eu des moments très durs parce que c’est très exigeant, mais je me suis donnée à fond.
Pourquoi êtes-vous devenue médecin ?
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MAHASTI :
Ma grand-mère a été l’une des premières femmes médecins en Iran, pays où je suis née. C’était une femme très avant-gardiste, très moderne, très indépendante… Une femme d’aujourd’hui. Elle m’a beaucoup inspirée et marcher sur ses traces était assez évident pour moi. Et puis je voulais exercer un métier qui soit universel, qu’on puisse faire dans le monde entier et qui puisse être utile partout.
Être une femme médecin aujourd’hui, c’est difficile ?
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MAHASTI :
Même si on a plus de 50% de femmes en médecine, ça reste un univers très masculin. Le pouvoir est entre les mains des hommes qui sont les directeurs et chefs de service. Il y a toujours un plafond de verre. Mais j’ai eu la chance de pouvoir, après mon internat, m’intégrer au service du cancer du sein de l’hôpital Gustave Roussy qui était dirigé par une femme extraordinaire, Suzette Delaloge. C’est une femme extrêmement compétente, à la fois une femme de pouvoir mais d’une humanité ahurissante. Grâce à elle et au directeur de l’époque, Thomas Tursz, qui voulait promouvoir les femmes, j’ai pu m’exprimer, me développer en tant que femme médecin.
Comment voyez-vous l’avenir ?
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MAHASTI :
J’espère que d’ici 5 à 10 ans, le MammoRisk pourra être utilisé pour tout le monde. Car, comme beaucoup de problèmes de santé, le cancer du sein pourrait, en partie, être résolu grâce à la prévention. En cardiologie, par exemple, on sait que pour éviter les infarctus, on doit lutter contre l’hypertension, faire du sport, contrôler son cholestérol… Mais cela a pris 30 ans. C’est très compliqué car c’est à la fois une culture du monde médical et du grand public. Cependant, tout ne se résoudra pas avec la prédiction et la prévention. Il reste toute une partie de cancers du sein extrêmement agressifs qu’on ne pourra sans doute pas éviter. Des cancers fulgurants, contre lesquels on a encore besoin de la recherche, de nouveaux médicaments, d’immunothérapies.
Pourquoi est-ce important de se soucier de la santé des femmes ?
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MAHASTI :
Lorsque l’on fait des choses vertueuses pour la santé des femmes, c’est utile pour la santé de toute la famille. Les femmes sont beaucoup à l’initiative de la prise en charge de la santé de la famille, des enfants, du mari… Ce sont elles qui vont instaurer des bonnes habitudes alimentaires, qui vont amener les uns et les autres chez le médecin. Elles sont plus sensibles à tout cela. D’ailleurs, 90% des femmes qui viennent au Women’s Risk Institute viennent d’elles-mêmes. Elles prennent leur destin en mains et celui de leur famille.